Les chiffres ne présagent rien de bon pour l’économie africaine, tandis que les cas de Covid-19 continuent d’augmenter, a relaté lundi 3 août la chaîne américaine d’information financière CNBC. Plusieurs pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya et l’Ouganda ont réintroduit des mesures restrictives par crainte de voir leur système de santé débordé, d’autres pourraient suivre.
L’Afrique du Sud, l’économie la plus développée du continent, contient la moitié des cas, soit plus de 500.000. Le pays avait pourtant introduit un ensemble de mesures parmi les plus strictes au monde afin de ralentir la propagation de l’épidémie. Son indice d’activité économique (PMI) est passé de 53,9 à 51,2 entre juin et juillet alors qu’il augmentait les deux mois précédents, a alerté le média.
Cette année, le Nigeria connaîtra le coup le plus dur porté à son économie en 35 ans. Son atout majeur, le secteur pétrolier, a particulièrement souffert de l’effondrement du prix des hydrocarbures. Un autre pays exportateur de pétrole, l’Angola, fait face à une situation similaire.
Des chiffres trompeurs
La vague d’infections qui touche l’Afrique du Sud est de mauvais augure pour le continent, et ne pourrait atteindre son pic que dans les deux prochains mois, a indiqué à CNBC le directeur de la société d’analyse politique, économique et sécuritaire EXX Africa, Robert Besseling. Si «seulement» 20.000 décès ont été recensés sur l’ensemble du continent, selon les données de l’université Johns-Hopkins, ces chiffres sont à prendre avec précaution.
Évoquant des «rapports sur les décès mystérieux et les fosses communes secrètes en Afrique de l’Ouest et de l’Est», le spécialiste affirme que l’enthousiasme lié au faible taux de mortalité est en train de se dissiper.
«L'Afrique du Sud a connu quelque 17.000 décès supplémentaires de causes naturelles, soit 59% de plus que ce à quoi on pourrait normalement s'attendre entre début mai et mi-juillet, ce qui suggère que beaucoup plus de personnes meurent du Covid-19 que ne le montrent les chiffres officiels», a-t-il indiqué.
Une reprise économique «improbable»
En cas d’effondrement incontrôlable dans les économies africaines majeures, la reprise pourrait devenir «de plus en plus improbable» au vu des sombres perspectives pour le commerce, les exportations ou encore le tourisme, a poursuivi M.Besseling.
«Plutôt qu'un rebondissement des performances économiques, l'Afrique risque d'assister à une série de défauts de paiement sur les prêts extérieurs au cours de l'année prochaine», a-t-il ajouté.
Il a toutefois conclu sur une note positive, précisant que des pays à l’économie plus diversifiée comme le Ghana, le Sénégal ou le Bénin ont jusqu’à maintenant réussi à contenir l’épidémie tout en parvenant à soutenir leur activité économique.