«La France est actuellement traversée par une crise très grave», lance le philosophe et écrivain français Alain Finkielkraut dans son appel «Touche pas à mon histoire!» publié dans Valeurs actuelles mercredi 29 juillet. Il estime que les destructions ou les déboulonnages de statues qui se sont récemment multipliés en France et ailleurs sont la conséquence d’un racisme anti-Blancs» et d’une «haine de la civilisation occidentale».
«Nous risquons de nous lancer dans un processus qui n’aura pas de fin, qui ne pourra pas en avoir», alerte-t-il, ajoutant qu’il faut «relire l’Histoire dans son contexte et ne pas projeter dans le passé nos obsessions présentes».
L’essayiste évoque ensuite ce que signifie pour lui le racisme, prenant pour exemples les critiques à l’égard de Jules Ferry. «On le dit raciste en raison de sa volonté colonisatrice. Mais qu’est-ce que le racisme? Le fait de river les individus à leur appartenance», affirme-t-il. Selon lui, affirmer «que toutes les cultures se valent nous empêcherait de condamner fermement – et partout – l’excision, la polygamie ou les mariages forcés».
M.Finkielkraut estime également que le fait de réécrire l’histoire «à la lumière de l’antiracisme» conduirait finalement à condamner «une liste interminable d’accusés». «Avec ce type de discours et de pratiques, nous n’avons aucune chance de résorber les fractures françaises», poursuit-il.
«L’Europe, ce n’est pas l’esclavage»
À propos de la traite négrière, il soutient que «l’Europe, ce n’est pas l’esclavage, c’est l’abolitionnisme», et compare les «11 millions de captifs déportés dans le cadre des traites européennes» aux «17 millions dans le cadre de la traite orientale». «Alors que toutes les cultures sont souillées de crimes, seule la culture occidentale connait la douleur de la culpabilité», résume-t-il.
Il revient enfin sur une phrase du discours du mois de juin de Macron, lequel avait promis que la République «n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues». «Il est urgent de la conforter dans sa décision», conclut le philosophe.
Une pétition lancée
Alain Finkielkraut a ainsi lancé une pétition pour «dire non au déboulonnage de notre histoire». D’après le comptage affiché dans Valeurs actuelles ce jeudi 30 juillet, celle-ci a récolté plus de 25.000 signatures, dont celles des anciens ministres Jean-Pierre Chevènement et Manuel Valls.