La Ville de Paris a réglé des repas entre l’adjoint à la mairie Christophe Girard et Gabriel Matzneff, révèle Mediapart

© SputnikDes féministes se mobilisent en face de la mairie de Paris pour demander la démission de Christophe Girard, en raison de ses liens avec l’affaire Matzneff, le 23 juillet 2020
Des féministes se mobilisent en face de la mairie de Paris pour demander la démission de Christophe Girard, en raison de ses liens avec l’affaire Matzneff, le 23 juillet 2020 - Sputnik Afrique
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La maire de Paris a pris connaissance de trois notes de frais pour des déjeuners entre l’écrivain Gabriel Matzneff et Christophe Girard avant que ce dernier ne démissionne, affirme Mediapart. L’élue a malgré tout continué de soutenir son ex-adjoint à la Culture tout en transmettant ces documents au parquet dans le cadre de l’affaire Matzneff.

Mercredi 22 juillet, les services municipaux parisiens ont pris connaissance de trois repas en tête à tête en 2016, 2017 et 2019 entre l’adjoint à la Culture Christophe Girard et l’écrivain Gabriel Matzneff, accusé de viols sur mineurs. Anne Hidalgo a ainsi appris que ces déjeuners étaient réglés par la Ville avant la démission de son adjoint, qu’elle a continué à soutenir, a révélé Mediapart.

D’après les informations du site, les demandes de démission à l’encontre de Christophe Girard et le retour de l’affaire Matzneff dans l’actualité ont poussé un agent du bureau à analyser les notes de frais de l’adjoint concerné, révélant l’identité des personnes qu’il avait fréquentées. Elles ont été transmises au parquet via un conseiller juridique d’Anne Hidalgo dans le cadre de l’enquête préliminaire sur Matzneff.

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Malgré cette découverte, il n’a pas été demandé à M. Girard de quitter ses fonctions, mais ce dernier a compris qu’il «mettait l’exécutif dans une position intenable». Le 23 juillet, quelques heures après une manifestation de féministes devant la mairie qui l’ont qualifié de «pédophile», il a présenté sa démission.

«Pas sûr qu’elle savait qui était Gabriel Matzneff»

Interrogé par Mediapart, le cabinet d’Anne Hidalgo a expliqué que la maire avait décidé de ne pas condamner son adjoint en raison des dates auxquelles avaient eu lieu ces rendez-vous: «Si le déjeuner avait eu lieu en février 2020, c’est-à-dire après la sortie du livre de Vanessa Springora, la maire l’aurait très très fortement condamné et regretté, elle aurait dit à Christophe Girard qu’il ne fallait pas y aller et que c’était une très mauvaise idée».

«En revanche, en février 2019, cette histoire n’était pas de notoriété publique comme en 2020, pas sûr qu’elle savait qui était Gabriel Matzneff», a en outre répondu le cabinet. Les écrits à caractère pédophile de l’écrivain «avaient été médiatisés dès les années 1980-1990», rappelle pourtant Mediapart.

Au moment de la démission de Christophe Girard, l’élue socialiste n’a pas fait mention des déjeuners dont elle venait de prendre connaissance, mais s’est contentée de condamner la manifestation des féministes.

«Des propos indignes ont été proférés, des banderoles infamantes ont été brandies. Tout cela porte atteinte à nos valeurs et à l’honneur de Paris, ville de liberté et capitale des droits humains. Je ne laisserai rien passer», a-t-elle écrit dans un communiqué.

Il cherchait à cacher cette relation

Un proche d’Anne Hidalgo a quant à lui confié au site que M.Girard «a manifestement cherché à nous cacher toute trace d’une relation en réalité plus établie qu’il ne l’avouait lui-même», d’autant qu’il était conscient que «le personnage était sulfureux».

Il note cependant que les accusations envers l’adjoint sont «excessives», faisant référence à la pancarte «Maire de Parie: bienvenue à Pedoland» affichée lors de la manifestation. «Il n’est pas pédophile», affirme-t-il, «il est tellement meurtri et blessé par ces accusations qu’il en est parfois maladroit dans sa défense».

Christophe Girard a été interrogé en mars 2020 dans le cadre de la procédure visant M. Matzneff. En 1980, lorsqu’il était secrétaire de la société Yves-Saint-Laurent, il avait été impliqué dans le paiement d’une note d’hôtel dans lequel l’écrivain s’était reposé après une opération chirurgicale. Il a assuré auprès des enquêteurs qu’il ignorait à l’époque ses pratiques pédophiles.

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