Tandis que la vague de Covid-19 continue de déferler sur le monde, il semble qu’une petite île italienne soit toujours capable de lui résister. Et ce alors que l’Italie comptabilise aujourd’hui plus de 246.000 cas et déplore plus de 35.000 morts. Ainsi, aucun cas n’a été recensé parmi les 800 habitants de cette île de l’archipel toscan situé en mer Tyrrhénienne. Pourtant, le virus se serait propagé à une vitesse fulgurante dans les conditions de ses ruelles étroites et ses maisons densément peuplées où les habitants se côtoient quotidiennement, constate Associated Press.
L’unique médecin de l’île depuis 40 ans, Armando Schiaffino, a évoqué ses inquiétudes quant à une épidémie locale.
«Chaque fois qu'une maladie infantile ordinaire, comme la scarlatine, la rougeole ou la varicelle frappe, en quelques jours pratiquement tous sont infectés sur Giglio», a-t-il déclaré à l’agence.
Interpellée par cette situation, Paola Muti, chercheuse sur le cancer du sein à l’université de Milan où elle est professeur d’épidémiologie, a décidé de mener une étude pour y voir clair. D’autant plus qu’elle était venue séjourner dans l’île dans la maison familiale, note AP. En effet, bien que les locaux aient côtoyé plusieurs personnes atteintes par le Covid-19, dont l’une est décédée, personne n’a été contaminé.
Tests et résultats
Des kits pour tester les anticorps ont été envoyés dans l’île. Sur les quelque 800 résidents, 723 se sont portés volontaires pour passer le test. Il s’est avéré qu’une seule personne possédait les anticorps, signe de son contact avec un malade lorsque les deux hommes avaient pris le même ferry.
Cette possibilité est également évoquée par Massimo Andreoni, responsable des maladies infectieuses dans un hôpital de Rome, qui estime que certains patients sont tout simplement moins capables de propager la maladie. Les raisons de ce phénomène ne sont pourtant pas claires.
Le rôle du hasard a été mis en relief par Daniel Altmann, professeur d'immunologie à Londres.
«Cela pourrait être quelque chose de plus ou moins trivial: personne n'a été infecté parce que, par chance, il y avait peu de contacts», a-t-il indiqué, cité par AP.
Il estime pourtant qu’il pourrait s’agir de «quelque chose d'important et d'exotique», comme une variante génétique commune au sein de la population de l'île.