Présidentielles US: les Démocrates prolongeraient la crise du Covid-19 pour fragiliser Trump

© AP Photo / Evan VucciDonald Trump
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Moins de quatre mois avant l’élection présidentielle, à la grande satisfaction des Démocrates, la crise politique et sanitaire continue à fragiliser Donald Trump. Pourra-t-il rattraper son retard dans les sondages et rester dans le Bureau ovale? C’est ce que pense Gérald Olivier, spécialiste des États-Unis à l’IPSE. Il explique à Sputnik pourquoi.
«D’abord et avant tout, je ne suis pas en train de perdre, car ce sont des sondages bidon.»

D’un revers de main, Donald Trump a balayé le 19 juillet sur Fox News un sondage très défavorable, donnant Joe Biden en tête de leur duel, à 49% contre 41%. Chahuté pour sa gestion du coronavirus et de l’affaire George Floyd, le Président conserve néanmoins toutes ses chances de réélection, selon Gérald Olivier, spécialiste des États-Unis à l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). Car selon lui, sa base électorale Républicaine «se défie de l’establishment, des sondages et des sondeurs».

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Jusqu’en février, Gérald Olivier rappelle que «tous les observateurs, spécialistes des prédictions électorales» donnaient pour largement acquise la réélection de Donald Trump, notamment grâce à son bilan intérieur plus qu’honorable: «une économie extrêmement solide, un chômage au plus bas [3,5% en janvier, ndlr], une bourse au plus haut, des créations d’emplois, des revenus en hausse». Puis, patatras, le Covid-19 a détruit en quelques semaines ces réussites économiques.

«Il faut très peu se fier aux sondages aujourd’hui»

Alors que les États-Unis affichent un bilan de la pandémie dramatique, avec 422 morts par million d’habitants au 17 juillet, le fantasque milliardaire a régulièrement été critiqué pour sa légèreté vis-à-vis des masques et sa volonté de redresser l’économie au plus vite.

​Une attitude qui expliquerait sa chute dans les sondages. Il est vrai pour Gérald Olivier que «le printemps a été très dur pour lui», mais qu’«il faut très peu se fier aux sondages aujourd’hui». À l’instar de l’électorat de Jean-Marie Le Pen en France, les Américains n’avouent pas facilement être des électeurs de Donald Trump:

«Vous avez beaucoup de gens qui soutiennent Trump et qui ne le disent pas. Quand vous avez un sondage qui s’applique à Trump, vous devez toujours donner 10, 15, 20% de plus que ce que le sondage indique pour corriger cette erreur.»

Autre explication plus prosaïque, les sondages réalisés aux États-Unis sont souvent réalisés par des serveurs vocaux automatiques, un procédé qui conviendrait davantage à un électorat jeune, plus sensible aux sirènes Démocrates.

L’érosion de la base électorale qui a porté Donald Trump à la Maison-Blanche est donc toute relative. Cinq sondages récents réalisés auprès des Républicains donnent un taux d’approbation du Président sortant entre 84 et 93% parmi ses électeurs de 2016. Le chercheur associé à l’IPSE estime ainsi cette base à 43-44% de l’électorat total américain: «les électeurs de Trump voteront Trump quoiqu’il arrive». Face à lui, se dressent 45% de citoyens américains farouchement anti-Trump, puis 10% d’indécis et d’indépendants, selon Gérald Olivier.

À plus de 100 jours du scrutin, rien ne serait donc encore joué, considère-t-il, en rappelant des précédents historiques: «Il n’est pas inhabituel aux États-Unis que l’un des deux candidats soit très en retard en milieu ou en début de campagne». Les conventions Démocrate et Républicaine qui désigneront officiellement les candidats n’auront lieu qu’en août et la campagne officielle ne débute qu’à la rentrée de septembre avec les «fameux débats».

Une crise sanitaire entretenue?

Le candidat antisystème qui prétendait en 2016 «assécher le marécage» de Washington, combattre le «deep state», l’État profond, a-t-il seulement réussi son pari? Car tout n’est pas à mettre au débit de Donald Trump dans la gestion de la crise sanitaire aux États-Unis. Le chercheur associé à l’IPSE pointe «une gestion politique du virus» par l’ensemble de la classe politique, pour qui «l’objectif unique» est l’élection présidentielle du 3 novembre. Ainsi, Gérald Olivier parle-t-il très clairement d’une «collusion, d’une coalition anti-Trump» fomentée par tout «l’establishment Démocrate et les médias» qui n’hésiteraient pas à entretenir ce marasme politico-sanitaire:

«Il est dans l’intérêt des Démocrates de prolonger cette crise. C’est pour ça qu’aujourd’hui, vous avez des États dirigés par une Administration Démocrate, qui savent très bien que l’objectif, c’est novembre, l’élection présidentielle. Plus ils maintiendront cette atmosphère de crise, plus ils favoriseront la victoire de Biden. Au-delà de la crise sanitaire, cette crise va durer jusqu’à l’élection pour des raisons purement politiques.»

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La mort de George Floyd le 25 mai 2020 doit être également décryptée à travers ce prisme partisan. Après l’affaire de l’ingérence russe, l’affaire ukrainienne, l’impeachment, cette affaire d’affrontement ethnique aurait selon Gérald Olivier été instrumentalisée par un «mouvement politique qui cherche à déstabiliser le gouvernement». Pour Gérald Olivier, les Démocrates, qui n’ont jamais digéré la défaite d’Hillary Clinton en 2016, intentent à Trump un procès en illégitimité: «on ne cherche plus à gouverner, on cherche à faire tomber le Président», constate le chercheur. Mais le retour de bâton sera selon lui terrible pour le camp progressiste:

«La gauche ou Les Démocrates devraient se méfier. Malgré tout, vous avez aux États-Unis la majorité silencieuse, une immense majorité de citoyens qui sont des citoyens honnêtes. Cet électorat n’aime pas voir le feu dans la rue. Quelques milliers d’émeutiers ne pèsent rien face à quelques dizaines de millions d’électeurs.»
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