Au Québec, les mesures prises par le gouvernement Legault pour vaincre le Covid-19 continuent d’alimenter un vif débat, surtout depuis l’annonce de l’obligation du port du masque dans tous les lieux publics «fermés». La mesure est entrée en vigueur le 18 juillet dernier, deux jours avant celle de sa sœur jumelle en France.
«Porter un masque, c’est ça, la liberté. Être obligé de reconfiner tout le monde, ce n’est pas ça, la liberté», a déclaré François Legault, Premier ministre québécois, lors de l’annonce, en anticipant déjà les critiques.
Les contrevenants à la nouvelle règle s’exposent à recevoir une amende allant de 400 à 6.000 dollars canadiens (260 à 3.870 euros). Le port du «couvre-visage» était déjà obligatoire dans les transports en commun sur l’ensemble du territoire.
Des amendes salées pour les contrevenants
Bien qu’un sondage indique que trois Québécois sur quatre appuieraient la mesure, elle suscite beaucoup de mécontentement de la part de citoyens, de propriétaires de restaurants et commerces. Le jour de son entrée en vigueur, une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes a eu lieu dans la ville de Saint-Georges de Beauce, non loin de la frontière américaine, au sud de la Belle Province. «Non aux masques obligatoires, oui à mes droits et libertés», arboraient des manifestants sur leurs chandails.
Manifestation en Beauce contre le port du masque https://t.co/2NhDBzewDK
— La Presse (@LP_LaPresse) July 18, 2020
Selon Mathieu Bernier, médecin et urgentiste connu pour ses positions en faveur du déconfinement, «le problème n’est pas le masque en soi, mais le moment de son imposition». La mesure est inutile, car elle vient trop tard, estime-t-il:
«Il y a bien des données scientifiques qui suggèrent que le masque peut diminuer la transmission. Il aurait donc été logique de l’imposer en mars ou avril, quand il était temps d’aplatir la courbe menant au pic de l’épidémie. Mais maintenant? En juillet? Quand les hospitalisations diminuent, les décès s’arrêtent et que les soins intensifs se vident?», s’interroge Mathieu Bernier en entrevue avec Sputnik.
Une vidéo virale montrant un homme être interpellé puis maîtrisé par la police pour avoir refusé de porter un masque contribue beaucoup à alimenter les discussions au Québec. La scène se déroule dans un restaurant de Montréal, après que l’individu ait refusé d’obtempérer.
Obligation de porter le masque: une mesure «liberticide», dénoncent certains
Dans leur ensemble, les réfractaires au port du masque reprochent au gouvernement Legault de continuer à alimenter inutilement la peur et surtout de nuire à l’économie, durement fragilisée par la pandémie. Les Québécois se préparent effectivement à faire face à une vague historique de fermetures d’entreprises et commerces en tous genres.
🇨🇦 Canada : 😷 Intervention musclée de policiers hier pour un homme refusant de porter un masque dans un Tim Hortons de Montréal. Il a été relâché peu après. Le masque est obligatoire depuis ce week-end dans les lieux publics fermés du Québec #COVID__19 pic.twitter.com/PbtKnbkjJZ
— Alexandre (@alex_le_bars) July 19, 2020
Dans ce contexte, Québec en fait-il trop? Dans tous les cas, Mathieu Bernier est optimiste pour la suite:
«Les courbes de Paris, Stockholm, New York, de la Belgique et de l’Italie nous indiquent la même chose: il n’y a pas de deuxième vague. De plus en plus d’études scientifiques nous disent que c’est grâce à l’immunité collective qu’on peut vaincre le virus, dont le seuil semble beaucoup plus bas que prévu (entre 10 et 20% de la population). La maladie est beaucoup plus répandue que les cas officiellement détectés (entre 10 et 25 fois plus selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies)», analyse le médecin.
Selon le docteur Bernier, le port du masque aurait certainement pu protéger la santé des Québécois, mais «il fallait faire le contraire», c’est-à-dire «l’imposer au début et l’enlever maintenant», insiste-t-il.
«L’épidémie de Covid-19 est probablement finie au Québec, car plein de gens ont développé une immunité sans le savoir. Il ne reste que le potentiel de petites éclosions localisées, dans les régions insuffisamment touchées qui n’ont pas encore développé une immunité. Il n’est donc pas logique d’imposer le masque à toute la population à ce stade-ci de notre courbe», conclut le médecin urgentiste.