La justice togolaise a émis un mandat d’arrêt international contre l’opposant togolais Kodjo Agbéyomé –arrivé deuxième à la présidentielle du 22 février 2020– après qu’il s’est enfui du pays craignant, dit-il, «pour sa vie».
L’information donnée par la presse locale togolaise a été confirmée à Sputnik par Me Célestin Agbogan, l’un des conseils de l’ancien Premier ministre, ancien président (et actuellement député) à l’Assemblée nationale togolaise.
Il soutient que son client a évoqué avant de prendre la fuite «des craintes pour sa sécurité et un complot tendant à l’éliminer physiquement».
«Notre client nous a informés que de source sûre, et pour éviter de vivre des événements malencontreux, il a préféré se mettre à l’abri par sécurité. Cela veut dire que sa vie est en danger. Il ne s’agit plus d’une affaire judiciaire, même s’il a déjà affirmé sa disponibilité pour répondre des faits qui lui sont reprochés devant la justice togolaise», a déclaré Me Célestin Agbogan.
Ces faits correspondent aux quatre chefs d’accusation retenus contre le candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) à la présidentielle de février 2020: «atteinte à la sûreté de l’État», «diffusion de fausses informations», «dénonciations calomnieuses» et «troubles aggravés à l’ordre public». Des accusations qui le poursuivent depuis qu’il a commencé à contester les résultats du scrutin.
«M. Kodjo Agbéyomé a été très clair. Il a dit que sa vie était menacée, donc il s’est mis à l’abri. Je peux dire aux Togolais qu’il n’a pas renoncé au combat. La lutte continue. C’est un engagement qu’il a pris. Il sait et il est conscient qu’il est investi d’une mission», a renchéri par ailleurs dans les médias locaux Brigitte Adjamagbo-Johnson, porte-parole de la Dynamique Monseigneur Kpodzro et de Kodjo Agbéyomé.
La presse locale rapporte que l’opposant aurait été vu au Ghana voisin, où il se serait réfugié «déguisé en femme».
Déchu de son immunité parlementaire après la présidentielle, Kodjo Agbéyomé était convoqué le 11 juillet 2020 par le doyen des juges d’instruction, au même titre que deux autres cadres de la DMK. Il n’a pas fait le déplacement.
Le juge instructeur ayant constaté son absence, il a fait établir un procès-verbal de défaut de comparution et a émis un mandat d’arrêt international contre lui.
Sa non-comparution, une première fois le 21 avril 2020 dans cette même procédure, avait déjà conduit à son arrestation suivie de sa libération trois jours plus tard sous quatre conditions.
Il avait «l’obligation de déférer aux différentes convocations du parquet aussitôt qu’il en sera requis», «l'interdiction de quitter le territoire national sans autorisation expresse», «l'interdiction de faire toute déclaration tendant à la remettre en cause des résultats du scrutin présidentiel du 22 février 2020» et «l'interdiction de tout propos, déclaration ou attitude tendant à remettre en cause et à saper l'ordre constitutionnel et institutionnel existant».
Des conditions que l’opposant togolais n’a pas entièrement respectées. Il a continué par exemple, de contester les résultats du scrutin présidentiel et a même saisi la cour de justice de l’organisation des pays d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en vue de prononcer «la nullité de la procédure de levée de son immunité parlementaire» intervenue le 16 mars 2020.
Une levée d’immunité non respectueuse des procédures
Depuis le 16 mars 2020 en effet, les avocats de Kodjo Agbéyomé dénoncent une levée irrégulière de l’immunité parlementaire de leur client.
Ils ont saisi par la suite la cour de justice de la Cedeao pour faire annuler la résolution de l’Assemblée nationale togolaise portant levée de cette immunité parlementaire.
En attendant, et «par respect des standards internationaux du procès équitable», les avocats de Kodjo Agbéyomé ont déclaré, dans un communiqué, avoir introduit une nouvelle requête à cette même cour, lui demandant de faire stopper les poursuites.
Nonobstant une situation économique plutôt stable, le gouvernement togolais est contesté par l’opposition et la société civile qui luttent pour une alternance. En 2025, le Président Faure Gnassingbé aura bouclé 20 ans au pouvoir qu’il a hérité de son père défunt. Ce dernier avait gouverné le pays, sans partage, 38 ans durant.