Un édito de Jacques Sapir à retrouver en podcast dans l’émission Russeurope Express du 16 juillet.
Il faut donc revenir sur les problèmes nombreux qui affectent le secteur de la santé. S’ils ont été mis en lumière par la crise sanitaire, ils sont en fait connus depuis longtemps: des salaires insuffisants, depuis les aides-soignants jusqu’aux médecins, ce qui provoque une fuite des personnels vers le privé, un manque chronique d’effectifs, au point que certaines infrastructures, certains blocs opératoires, restent fermés faute de personnel, y compris quand on en a besoin.
Il y a aussi la multiplication des incidents opposant les personnels soignants à certains malades, incidents qui épuisent aussi les soignants quand ils ne mettent pas leur sécurité en péril. Au-delà, il y a des problèmes organisationnels majeurs. Le secteur de la santé, en particulier dans le public, souffre d’une sur-administration. Le pourcentage des personnels administratifs rapporté aux effectifs semble excessif quand on le rapporte à des comparaisons internationales. Mais cette sur-administration a une raison simple: le passage à des méthodes de gestion inspirées du secteur privé et la volonté d’évacuer l’éthique médicale de la gouvernance des hôpitaux.
Repenser toute l’organisation de la santé
Cette crise de la santé est «exemplaire»: elle fait l’unanimité des personnels, du «mandarin» aux aides-soignants. Elle a conduit la France, qui bénéficiait d’un système de santé remarquable il y a encore dix ans, à régresser dans les comparaisons internationales, et ce alors que les dépenses augmentent et se situent dans la tranche supérieure des pays de l’OCDE.
Mais il y a plus. La sur-administration dont on a parlé se révèle fréquemment être une «mal-administration». Comme le montre un rapport interne de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, récemment révélé par Le Parisien, les Agences régionales de santé (ARS) ont souvent failli. Si l’on se gargarise de certaines réalisations spectaculaires, comme les très médiatiques TGV médicalisés, on oublie qu’en dépit de l’urgence, les cliniques privées n’ont pas suffisamment été mobilisées, que la médecine de ville a été délaissée, que l’on a été très loin de mettre en œuvre tous les moyens disponibles. Au-delà des légitimes questions d’effectifs et de rémunération, c’est donc toute l’organisation de la santé, ou plus précisément le virage qu’elle a pris depuis 2005-2007, qui est à repenser.
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