«Il s’agit d’un recul considérable qui aggravera les défis économiques et humanitaires existants et augmentera les niveaux de pauvreté déjà élevés.»
Le ton du FMI est grave, alors qu’il vient d’abaisser ses prévisions de croissance pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Le «double choc» de la pandémie de coronavirus, couplé à des prix du pétrole qui évoluent à des niveaux faibles, impacte très négativement les économies de la région.
Croissance au Moyen-Orient: le FMI prévoit la pire baisse depuis 50 ans https://t.co/l1nPzcrPhB pic.twitter.com/bY5KdrmLRM
— La Libre Eco (@LaLibreEco) July 13, 2020
Le nombre de victimes dues au Covid-19 a été relativement modeste dans la zone, à l’exception de l’Iran, qui annonçait le 13 juillet avoir passé le cap des 13.000 morts. Reste qu’à l’instar de nombreux pays dans le monde, les mesures prises par les différents gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord afin de lutter contre la pandémie ont eu des conséquences très négatives pour l’économie.
Des «troubles sociaux» à venir?
D’après sa dernière mise à jour des perspectives économiques régionales, le FMI prévoit dorénavant une contraction du PIB de l’ordre de 5,7% en moyenne pour la région. Dans certains pays touchés par des conflits armés, la récession pourrait atteindre 13%.
Selon les données de la Banque mondiale, il s’agit de la projection la plus basse en 50 ans, alors que l’année dernière, la croissance avait déjà été modeste dans la zone.
Le FMI craint notamment que des «troubles sociaux» soient «ravivés par la levée des mesures de confinement.»
Pour les économies dépendantes de la vente de pétrole, la situation est encore plus compliquée. Les prix de l’or noir évoluent toujours à des niveaux bas. Le coût du baril a perdu environ deux tiers de sa valeur à cause du ralentissement économique mondial, avant de se rétablir aux alentours de 40 dollars.
Les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) devraient ainsi faire face à une récession de l’ordre de 7,1%. Ce sont 4,4% de plus que la prévision publiée au mois d’avril. Les économies exportatrices de pétrole dans la région devraient perdre environ 270 milliards de dollars de revenus. Pour Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, il s’agit d’«une grosse baisse».
«La région est confrontée à une crise sans précédent. Un double choc qui a affecté le fonctionnement normal de ses économies pendant le confinement», a expliqué l’expert à l’AFP.
D’après lui, l’augmentation du chômage, couplée à une hausse de la pauvreté, pourrait former un cocktail dangereux de nature à déstabiliser les gouvernements de la région.