Les deux hommes sont d'anciens agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le service d'espionnage français. Ils se sont côtoyés au contre-espionnage. Ils étaient jugés pour «livraison d'information à une puissance étrangère», «atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation», «intelligence avec une puissance étrangère».
Pierre-Marie H., 69 ans, ancien fonctionnaire civil de défense, a été condamné à 12 ans de détention criminelle. Le parquet général avait requis contre lui la peine maximale encourue, 15 ans.
L'épouse de Pierre-Marie H., qui comparaissait pour «recel de bien provenant d'intelligence avec une puissance étrangère de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation», a elle écopé de quatre ans d'emprisonnement dont deux avec sursis.
La cour d'assises, composée uniquement de magistrats professionnels, a prononcé à l'égard de tous les trois une peine complémentaire de privation de droits civiques pendant 10 ans.
Les informations sont rares. C'est une affaire de «pénétration par une puissance étrangère des renseignements français», a déclaré l'avocate générale lundi, avant de demander le huis clos.
Demande acceptée: «Il paraît nécessaire non seulement de protéger les personnes amenées à témoigner et d'empêcher la divulgation d'informations touchant à la défense nationale», a expliqué le président.
En détention provisoire depuis 2017
Les anciens agents ont été mis en examen et placés en détention provisoire en décembre 2017, alors qu'ils étaient déjà à la retraite.
Vingt ans plus tôt, Henri M. avait été nommé représentant officiel de la DGSE à Pékin. Mais il a été rappelé en France début 1998, après avoir entamé une liaison avec l'interprète chinoise de l'ambassadeur. Il a pris sa retraite quelques années plus tard et est retourné en Chine en 2003, où il a épousé l'ex-interprète.
Pierre-Marie H. s'est fait arrêter à l'aéroport de Zurich avec de l'argent liquide après avoir rencontré un contact chinois sur une île de l'océan Indien. Lui n'a jamais été en poste à l'étranger.
Comme l'a souligné lundi l'avocate générale, c'est un procès «rare par les qualifications, rare par la qualité des accusés, rare par la période de prévention».