En Côte d’Ivoire, le décès du Premier ministre Coulibaly rebat les cartes de la présidentielle

© AFP 2024 LUDOVIC MARINLe Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly
Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly - Sputnik Afrique
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À peine rentré à Abidjan après un long séjour médical à Paris, le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly a succombé à l’âge de 61 ans à un malaise survenu lors d’un Conseil des ministres. Candidat du RHDP, le parti au pouvoir, à la présidentielle d’octobre prochain, son décès inattendu vient rouvrir les spéculations sur son remplaçant.
«La Côte d’Ivoire est en deuil. J’ai la profonde douleur de vous annoncer que le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, chef du gouvernement, nous a quittés en début d’après-midi, après avoir pris part au Conseil des ministres de ce mercredi 8 juillet 2020», a annoncé, au nom du Président ivoirien Alassane Ouattara, le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, à la télévision publique.

Amadou Gon Coulibaly était rentré le 2 juillet à Abidjan, exactement deux mois après un séjour médical en France où il a subi une coronarographie et la pose d’un stent après sa greffe du cœur intervenue en 2012.

​Candidat désigné du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti d’Alassane Ouattara) à la présidentielle d’octobre, son retour avait mis en veille les rumeurs sur des tractations internes pour lui trouver un remplaçant en raison de son état de santé. Et surtout, il annonçait le lancement prochain de sa campagne électorale.

De nombreuses personnalités de la scène politique ivoirienne, et donc de l’opposition –dont les candidats à la présidentielle Henri Konan Bédié et Mamadou Koulibaly–, ont d’ores et déjà exprimé leurs condoléances aux familles biologique et politique de l’ex-chef du gouvernement.

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Quelle alternative pour le RHDP?

Pour l’heure, il semble difficile de prédire qui remplacera Amadou Gon Coulibaly, tant celui que le Président Alassane Ouattara présentait comme son «plus proche collaborateur» incarnait, du moins officiellement, l’unique option du RHDP à la prochaine échéance électorale.

Interrogé par Sputnik, l’analyste politique Mamadou Karamoko estime désormais «envisageables toutes sortes de scénarios».

«Dans la culture africaine, devant la mort, il est d’usage de tout taire, ne serait-ce que pour un temps bref, afin de se recueillir. L’heure est au recueillement pour tous les Ivoiriens, car la Côte d’Ivoire a avant tout perdu son Premier ministre. Mais une fois passé ce temps de recueillement, tous les scénarios seront possibles», a déclaré Mamadou Karamoko.

Le 5 mars dernier, devant les parlementaires ivoiriens, Alassane Ouattara avait solennellement annoncé son intention de ne pas briguer un troisième mandat et surtout de transférer le pouvoir à une jeune génération.

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Mais pour l’analyste, au vu des récents événements politiques (notamment l’annonce de la candidature d’Henri Konan Bédié) auxquels est venu s’ajouter le décès de son fidèle compagnon, «il n’est pas impossible que le Président ivoirien reconsidère sa décision de ne pas se représenter».

«Vu les difficultés auxquelles le RHDP est confronté ces dernières années avec les départs de personnalités de poids comme Guillaume Soro ou encore l’ex-ministre des Affaires étrangères Marcel Amon-Tanoh, Alassane Ouattara pourrait vouloir, à l’instar d’Henri Konan Bédié, fédérer les militants autour de sa candidature. De plus, n’oublions pas qu’Alassane Ouattara avait déjà ouvertement indiqué qu’en cas de candidature de ceux de sa génération [faisant allusion, sans les nommer, aux anciens Présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, ndlr], il réévaluerait sa position», a déclaré Mamadou Karamoko.

Cependant, pour Innocent Gnelbin, président de Force aux peuples (parti allié au RHDP et qui avait apporté son soutien à la candidature d’Amadou Coulibaly) joint par Sputnik, il est peu probable qu’Alassane Ouattara revienne sur son choix de ne pas briguer un troisième mandat.

«Connaissant le Président Alassane Ouattara, je pense qu’il va demeurer ferme sur sa décision de ne pas se représenter et de transférer le pouvoir», a-t-il déclaré.
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