Lors de la première séance de questions d’actualité des députés au gouvernement de Jean Castex, le nouveau ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti n’a pas été accueilli avec une bienveillance unanime. «C'est compliqué pour moi, c'est une première», a-t-il lancé face à des applaudissements d’un côté et des chahuts de l’autre.
Le nouveau ministre a été notamment interrogé par le député Les Républicains (LR) Antoine Savignat sur les raisons qui l’ont poussé à accepter cette fonction. Par le passé, l’avocat avait affirmé qu’il ne l’aurait jamais accepté. Contraint de répondre à l’agitation dans l’hémicycle qui perturbait son discours, le ministre a proclamé:
«On n'est pas au spectacle et je vais répondre à la question que me pose le député».
«D’abord quand on est avocat pénaliste libre, on n'a pas la même parole que quand on représente l’État. C’est vrai qu'à un moment j'ai dit que je n'accepterais pas cette tâche, il doit y avoir une dizaine ou une quinzaine d’années».
Il a été interrompu une fois de plus par des éclats de voix auxquels il a lancé:
«J'aimerais que vous me laissiez au moins m’exprimer».
Visiblement agacé par cette nouvelle interruption, M.Dupond-Moretti a martelé:
«Mais ça va pas?» Et de poursuivre en suscitant des applaudissements: «L'idée que l'on se fait de la justice transcende les clivages. […] On peut tous travailler ensemble».
Une tâche embrassée avec «beaucoup d’humilité»
L’hémicycle s’étant un peu calmé, le ministre a dit sa «fierté d’être ici, devant la représentation nationale»:
«Je mesure l'ampleur de la tâche et je l'embrasse avec beaucoup d'humilité, cette tâche à venir».
Et de lister ses priorités pour sa nouvelle fonction:
«Il y a d'ores et déjà un certain nombre de pistes: l'enquête préliminaire, sa durée, la présomption d'innocence, les violations du secret de l’enquête.»