Fresque accusant la police à Stains: la bataille continue

© Sputnik . Oxana BobrovitchUne fresque Traoré/Floyd à Stains, 22 juin 2020
Une fresque Traoré/Floyd à Stains, 22 juin 2020 - Sputnik Afrique
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La dégradation de la fresque «contre le racisme et les violences policières à Stains», représentant les portraits de George Floyd et d’Adama Traoré, relance le débat sur le street-art. S’agit-il de vandalisme ou d’un dialogue par œuvres interposées? Sputnik propose des avis d’un sociologue et d’un street-artiste.

La fresque de Stains (93) en hommage à Adama Traoré et George Floyd continue d’attirer les regards. Plusieurs évènements se sont succédé dans la vie de cette œuvre de street-art, soutenue par la mairie: la préfecture de Seine–Saint-Denis a mis en demeure Azzédine Taïbi, le maire, d’effacer une partie du message faisant référence à la police. Une décision saluée par les forces de l’ordre, avant que l’avocat du maire ne la conteste au nom de l’atteinte à la liberté de création et d’expression.

Puis, le 5 juillet, un épisode ultime: des inconnus ont tagué la fresque à la peinture rouge et blanche: «Extorsion», «vol», «Stop aux Traoré», «braqueur de femme enceinte» pouvait-on lire… avant que la mairie n’efface ces graffitis «blasphématoires».

​Tarik Yildiz, sociologue, auteur du livre «Le racisme anti-blanc» (Éd. Puits De Roulle Eds Du), insistant sur le fait qu’il n’est pas «un spécialiste du street-art», propose à Sputnik une vision sociologique de l’évènement.

«Dans le street art, chacun y va de sa participation et les choses évoluent avec le temps. Les œuvres ne sont pas figées. Derrière, ce n’est pas seulement une œuvre modifiée ou changée, mais le fond des choses qui importe», explique-t-il au micro de Sputnik.

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Analysant la fresque, le sociologue estime toutefois que le parallèle dressé entre les États-Unis et la France par cette œuvre, «qui parle du même combat et du même racisme», n’est «pas du tout approprié». Et il suggère de surcroît de distinguer «le fond de l’affaire», avec «une fresque aux idées politiques évidentes», de la manière de la contester. Car Tarik Yildiz ne cautionne guère cette dernière:

«On voit la réaction des gens qui n’étaient pas d’accord et qui ont tagué pour essayer de contextualiser l’affaire française. Mais ils ont employé les méthodes de ceux qu’ils dénonçaient, pour dénoncer à leur tour. Ce que je considère comme impropre», souligne-t-il.

Le street artiste PBOY, alias Pascal Boyart, confirme à Sputnik que la quasi-totalité de ses fresques murales ont été «dégradées et effacées au bout de quelques mois»:

«Je peins en connaissance de cause […] le destin de mes œuvres murales dans la rue (à hauteur d’homme) est souvent éphémère. Si je ne veux pas me faire repasser, je fais une toile ou une façade d’immeuble», détaille PBOY.

Sa réinterprétation du tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, a subi un sort analogue. Elle faisait référence au mouvement des Gilets jaunes et ornait un mur du XIXe arrondissement de Paris: «d’après les témoignages des riverains, elle a été effacée au bout d’un mois par la préfecture de police, sûrement puisqu’on était en pleine période des manifestations des Gilets jaunes.»

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Malgré le sujet de son œuvre, totalement au goût du jour, l’artiste assure «ne pas suivre l’actualité». Il considère qu’«une société dont les artistes doivent s’exprimer dans la rue est révélatrice du manque de fond de l’art institutionnel et officiel». Il en faut pourtant plus pour dissuader PBOY, qui continue son travail.

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