La fresque de Stains (93) en hommage à Adama Traoré et George Floyd continue d’attirer les regards. Plusieurs évènements se sont succédé dans la vie de cette œuvre de street-art, soutenue par la mairie: la préfecture de Seine–Saint-Denis a mis en demeure Azzédine Taïbi, le maire, d’effacer une partie du message faisant référence à la police. Une décision saluée par les forces de l’ordre, avant que l’avocat du maire ne la conteste au nom de l’atteinte à la liberté de création et d’expression.
Puis, le 5 juillet, un épisode ultime: des inconnus ont tagué la fresque à la peinture rouge et blanche: «Extorsion», «vol», «Stop aux Traoré», «braqueur de femme enceinte» pouvait-on lire… avant que la mairie n’efface ces graffitis «blasphématoires».
A #Stains la fresque en hommage à George Floyd et Adama #Traoré vandalisée #AdamaTraore #JusticePourAdama #BlackLivesMatter pic.twitter.com/5sSoPiO8PZ
— Xenia__Sputnik (@XseniaSputnik) July 4, 2020
Tarik Yildiz, sociologue, auteur du livre «Le racisme anti-blanc» (Éd. Puits De Roulle Eds Du), insistant sur le fait qu’il n’est pas «un spécialiste du street-art», propose à Sputnik une vision sociologique de l’évènement.
«Dans le street art, chacun y va de sa participation et les choses évoluent avec le temps. Les œuvres ne sont pas figées. Derrière, ce n’est pas seulement une œuvre modifiée ou changée, mais le fond des choses qui importe», explique-t-il au micro de Sputnik.
«On voit la réaction des gens qui n’étaient pas d’accord et qui ont tagué pour essayer de contextualiser l’affaire française. Mais ils ont employé les méthodes de ceux qu’ils dénonçaient, pour dénoncer à leur tour. Ce que je considère comme impropre», souligne-t-il.
Le street artiste PBOY, alias Pascal Boyart, confirme à Sputnik que la quasi-totalité de ses fresques murales ont été «dégradées et effacées au bout de quelques mois»:
«Je peins en connaissance de cause […] le destin de mes œuvres murales dans la rue (à hauteur d’homme) est souvent éphémère. Si je ne veux pas me faire repasser, je fais une toile ou une façade d’immeuble», détaille PBOY.
Sa réinterprétation du tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, a subi un sort analogue. Elle faisait référence au mouvement des Gilets jaunes et ornait un mur du XIXe arrondissement de Paris: «d’après les témoignages des riverains, elle a été effacée au bout d’un mois par la préfecture de police, sûrement puisqu’on était en pleine période des manifestations des Gilets jaunes.»