Le haut fonctionnaire Jean Castex, nommé vendredi Premier ministre après avoir préparé le déconfinement, est un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, élu local peu connu du grand public mais unanimement salué pour son entregent et son efficacité, indique l'AFP.
«Un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité», avait résumé Edouard Philippe lors de sa nomination le 6 avril comme coordinateur de la stratégie nationale de déconfinement post-coronavirus.
«II a une bonhomie et une sympathie incroyable, une empathie et humilité naturelles. Il travaille à la vitesse de la lumière en gardant un calme à tout épreuve», se souvient un ancien du cabinet ministériel de Xavier Bertrand en assurant: «Je n’ai jamais vu quelqu’un autant faire l’unanimité autour de lui tout le temps».
«C’est un vrai couteau suisse»
Autant d’atouts qui ont servi «Monsieur Déconfinement» pour élaborer, avec sa «task force» de 18 collaborateurs, une doctrine prudente pour permettre au pays de négocier sans recrudescence de l’épidémie le virage de sortie de crise.
Peu connu du grand public, habitué des dossiers complexes, Jean Castex a aussi pu s’appuyer sur une vie professionnelle et politique très largement orientée vers le secteur social et la santé.
«C’est un vrai couteau suisse, il a des connexions un peu partout, il sait faire ce qu’il faut faire au bon endroit», assure Franck Louvrier, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
«Politiquement, je suis de droite et je l’assume parfaitement»
Directeur de l’hospitalisation au ministère des Solidarités en 2005-2006, il devient ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand à deux reprises, d’abord au ministère de la Santé (2006-2007) puis au Travail (2007-2008).
Rue de Grenelle, il a aussi eu à gérer des dossiers délicats, notamment le service minimum dans les transports et la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Il laisse à l’époque chez ses interlocuteurs des centrales syndicales le souvenir d’un homme «disponible» et «avenant» même s’il «cache une certaine fermeté», avec «une excellente connaissance de ses dossiers». En somme, disent les mêmes, «quelqu’un avec qui on peut discuter».
«Politiquement, je suis de droite et je l’assume parfaitement», soulignait alors ce membre de la cour des Comptes.
Nicolas Sarkozy en avait d’ailleurs fait son conseiller aux affaires sociales en 2010, puis le secrétaire général adjoint de l’Élysée entre 2011 et 2012.
Une nomination «avantageuse pour Macron»?
A deux ans de la présidentielle, sa nomination «présente beaucoup d’avantages pour Macron» et «il se dit qu’il peut ainsi aussi embêter Xavier Bertrand» souligne-t-on dans l’entourage du patron ex-LR des Hauts-de-France, dont le nom revient régulièrement pour représenter la droite en 2022.
Mais ce père de quatre filles, qui a gardé l’accent de son Gers natal (il est né le 25 juin 1965 à Vic-Fezensac), sait aussi se ménager des appuis à La République en marche: son nom avait un temps circulé fin 2018 pour succéder à Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur.
Il était jusqu’en début d’année délégué interministériel aux Jeux Olympiques de Paris-2024 et présidait l’Agence nationale du sport.
Conseiller régional de Languedoc-Roussillon de 2010 à 2015, battu aux législatives de 2012 par la candidate PS Ségolène Neuville, Jean Castex est aussi maire de Prades qu’il a arraché à la gauche en 2008, avant d’être largement réélu en mars dernier (76%)