Le monde de la nuit reverra-t-il le jour après l’épidémie de coronavirus?

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Alors que les patrons français de discothèque militent pour une réouverture de leurs établissements afin d’éviter de potentielles faillites, en Suisse 300 personnes qui ont fréquenté une boîte de nuit ont été placées en quarantaine après avoir croisé un «super contaminateur». Est-il encore temps de donner sa chance au monde de la nuit en France?

Comment concilier soirée en discothèque et prévention des risques sanitaires liés au coronavirus? C’est le dilemme auquel doit répondre le gouvernement, qui doit trancher entre la sécurité des Français et la préservation d’un secteur d’activité qui génère un milliard d’euros, emploie 43.000 salariés, et environ 100.000 personnes, dont les employés de sociétés extérieures.

L’exemple récent d’une discothèque suisse ne plaidera sûrement pas en faveur des patrons de boîte de nuit. En effet, 300 personnes qui se sont rendues au Flamingo Club à Zurich ont dû être placées en quarantaine pour une dizaine de jours. La raison? Ils pourraient avoir rencontré un «super contaminateur», expliquent les autorités de la ville.

Un virus toujours bien présent

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Un risque de propagation du virus qui reste donc toujours compliqué à maîtriser et explique, en partie, l’indécision du gouvernement. Cependant, le deux poids, deux mesures de l’exécutif alimente la colère du secteur. Alors que Matignon a annoncé, dans la nuit du 19 au 20 juin, une accélération du déconfinement avec la réouverture des casinos et salles de jeux et, à partir du 11 juillet celles des stades avec un nombre maximal de 5.000 spectateurs, les discothèques restent fermées au moins jusqu’à septembre.

Plus incompréhensible encore aux yeux des patrons de boîtes de nuit, «les clubs échangistes aussi ont rouvert le 22 juin… Il va sans dire que les clients y gardent une distance de sécurité d’un mètre! Quelle aberration!», s’indigne Cyril Copin, patron de la Suite, à Rennes, relate Le Télégramme.

«On devait nous annoncer une date de réouverture pour l’été avec des protocoles de sécurité et nous n’avons rien eu, c’est incompréhensible, ce n’est pas plus dangereux d’aller danser que d’aller au cinéma, de prendre l’avion ou le train», a déclaré à l’AFP Laurent Lutse, président à l’UMIH de la branche cafés, brasseries et établissements de nuit.

Une attente dramatique pour certains patrons. En témoigne la grève de la faim entamée par Michel Ludwig, gérant du Tremplin (Bretagne). Dans un entretien accordé à Ouest-France, il confiait être «totalement désespéré». En effet, il a déploré que lors de son allocution du 14 juin, «le Président n’ait même pas pris deux minutes pour parler des cinémas, théâtres et discothèques. Pas un mot. Pas une date ni une perspective. On n’est dans les “si”, les “peut-être”, rien de concret».

Risque de faillite

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Ce cri de désespoir se comprend aisément: depuis mi-mars les pertes budgétaires continuent et les dettes s’accumulent, notamment en ce qui concerne le paiement des loyers. D’après un sondage réalisé par le syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL) auprès de 300 boîtes de nuit, 30% d’entre elles se disent au bord de la faillite. Conscient du péril que représente ce «confinement», des professionnels de la nuit, soutenus par une soixantaine de députés, ont lancé un appel, mercredi 24 juin, pour la réouverture dès le 1er juillet de l’ensemble des discothèques de France.

Rouvrir, mais dans quelles conditions?

Par ailleurs, comment concilier réouverture et rentabilité? En effet, dans le protocole de déconfinement, les entreprises sont notamment tenues d’assurer un espace de «4m2 par personne» afin de garantir «une distance d’au moins un mètre autour de chaque personne dans toutes les directions». Or, c’est 1m2 en temps normal. Pour une discothèque de 1.000 m2 qui pouvait accueillir 1.000 personnes, avec cette nouvelle réglementation, elle ne pourra accueillir que 250 personnes, un chiffre qui ne permettrait pas forcément d’atteindre le seuil de rentabilité et donc de justifier une réouverture.

«Comment on pourrait appliquer un protocole sanitaire de distanciation, alors que le propre de notre activité, c’est le rassemblement? […] Baisser la fréquentation, ça veut dire casser l’ADN de nos établissements», rappelle Aurélien Dubois, président du CSLMF, à France info.

Par conséquent, certains prônent la solution des soirées à la belle étoile. Des professionnels du secteur de l’évènementiel musical ont interpellé le gouvernement dans une tribune, intitulée: «Sauvons la Fête, agissons!».

Ils militent pour la création d’un plan de relance qui comprend la possibilité d’organiser des évènements en plein air, dans des conditions sanitaires encadrées. Une mesure qui permettrait selon eux «d’accélérer le retour du lien social indispensable à la vie des Français désireux de profiter de l’été». Autre idée, émanant cette fois-ci du SNDLL, celle de transformer les clubs en bars.

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Les soirées privées à la fête

Si pour l’industrie les temps sont durs, les fêtards prennent les choses en main. Samedi 27 au soir, à Paris, des jeunes ont organisé une fête sauvage «Projet X», qui s’est terminée par des affrontements avec les forces de l’ordre. D’autres préfèrent organiser des soirées privées, profitant du cadre légal qui n’interdit pas ce type d’évènement.

​Autant d’éléments qui nécessitent une prise de position claire de l’exécutif. Une réunion ministérielle doit se tenir ce lundi 29 juin pour tenter de trouver des solutions pérennes pour un secteur à l’agonie. Le gouvernement est donc attendu de pied ferme. Certains patrons de discothèque ont d’ores et déjà menacé de saisir le Conseil d’État en cas de maintien des fermetures.

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