La ministre de la Justice Nicole Belloubet a demandé vendredi à la procureure générale de Paris «un rapport circonstancié sur la nature précise» de l’enquête du parquet national financier (PNF), qui visait selon Le Point à identifier une taupe dans l’affaire dite des «écoutes».
Le rapport portera «notamment sur les modalités des réquisitions effectuées, leur étendue et leur durée», indique la garde des Sceaux dans un communiqué. «Elle appréciera si une inspection doit être diligentée», en fonction de ce rapport qui doit «permettre de vérifier si le parquet national financier a agi dans le cadre des dispositions du code de procédure pénale».
La procureure générale de Paris Catherine Champrenault est la supérieure hiérarchique du procureur national financier, qui était lors de cette enquête controversée Eliane Houlette, indique l'AFP.
Une procédure classée
En février 2014, le PNF a demandé d’éplucher les factures téléphoniques détaillées («fadettes») d’une dizaine de ténors du barreau et de magistrats afin de trouver la «taupe» qui aurait pu informer Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoutes dans une autre affaire. Il a fallu presque six ans pour que cette procédure, sans résultat, soit classée sans suite fin 2019.
Nicole Belloubet se dit, dans le communiqué, «consciente de l’émoi suscité dans la communauté judiciaire et au-delà».
Jacqueline Laffont, l’une des avocates de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des «écoutes», a annoncé vendredi matin avoir demandé à la garde des Sceaux de diligenter une «inspection générale» visant le PNF après une enquête qualifiée de «déloyale».
L’avocate «souhaite savoir pourquoi il y a une enquête qui a été détachée de son corps naturel, l’instruction, (…) pourquoi des avocats, sans la moindre raison possible, ont été surveillés, (…) pourquoi cette enquête nous a été cachée alors que nous la demandions».
Le bâtonnier de Paris annonce une action en justice
Le bâtonnier de Paris Me Olivier Cousi a annoncé une action en justice prochaine et l’un des avocats écoutés, Me Eric Dupond-Moretti, une «plainte».
Le PNF est depuis quelques jours au coeur de plusieurs controverses. Il y a deux semaines, Eliane Houlette, première à avoir dirigé le PNF, a affirmé avoir subi des «pressions» procédurales de la part de la procureure générale dans la conduite de l’affaire Fillon. Des déclarations interprétées par le camp de l’ex-candidat à la présidentielle comme l’aveu de pressions politiques pour faire tomber leur champion.
Et plus récemment, le PNF s’est vu reprocher le classement sans suite, après une lettre d’Emmanuel Macron à décharge, d’une enquête visant son bras droit, Alexis Kohler, soupçonné de conflits d’intérêt.