Le Président kosovar accusé de crimes de guerre par la justice internationale

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Le Président kosovar Hashim Thaci est notamment accusé de «meurtres, disparition forcée de personnes, persécutions et tortures», a déclaré le 24 juin le tribunal qui siège à La Haye.

Le procureur du tribunal spécial pour le Kosovo a accusé mercredi le Président kosovar Hashim Thaci, l’ex-chef de la guérilla indépendantiste, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité présumés dans le cadre du conflit contre la Serbie à la fin des années 90.

Hashim Thaci est notamment accusé de «meurtres, disparition forcée de personnes, persécutions et tortures», a déclaré le tribunal qui siège à La Haye.

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Un juge «examine actuellement l’acte d’accusation pour décider s’il convient de confirmer les charges», procédure qui pourrait mener à une inculpation en bonne et due forme.

M. Thaci a «interrompu» son voyage à Washington où il était attendu à un sommet prévu pour samedi avec la Serbie et sera de retour au Kosovo jeudi, a annoncé son cabinet.

D’après un journaliste de la chaîne de télévision albanaise Top Channel qui l’a interviewé à l’aéroport de Tirana avant l’annonce de sa mise en accusation, le chef de l’Etat kosovar avait pris mercredi après-midi un avion pour Francfort en route pour Washington.

L’émissaire américain Richard Grenell a précisé que «les discussions de samedi» à la Maison Blanche, qui visent à relancer le dialogue de paix gelé depuis fin 2018, étaient maintenues, mais uniquement entre le Président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Avdullah Hoti.

Dix chefs d’accusation

Créé en 2015, le tribunal spécial pour le Kosovo est chargé d’enquêter sur les crimes présumés commis par la guérilla indépendantiste kosovare albanaise (UCK), principalement à l’encontre des Serbes, des Roms et des opposants albanais à la guérilla pendant et après le conflit de 1998-99.

Président du Kosovo depuis 2016, M. Thaci fait l’objet de dix chefs d’accusation émis le 24 avril et rendus publics mercredi.

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Ces accusations concernent également Kadri Veseli, l’ex-patron du renseignement de la guérilla et actuel dirigeant du Parti démocratique du Kosovo (PDK), ainsi que «d’autres personnes».

D’après l’acte d’accusation, «Hashim Thaci, Kadri Veseli et les autres suspects accusés sont pénalement responsables de près de 100 meurtres».

M. Veseli a rejeté ces accusations devant la presse.

«La déclaration du procureur est une nouvelle tentative de réécrire l’histoire», a-t-il affirmé, l’accusant de motivations «politiques».

Le tribunal «a commis une erreur» en rendant public l’acte d’accusation juste avant le sommet de Washington, a estimé Hysni Gucati, président de l’association des anciens combattants du Kosovo.

L’annonce pourrait en effet être liée à cette rencontre, au cours de laquelle «la dissolution du tribunal spécial pourrait être sur la table des négociations», analyse Vigan Corolli, professeur en droit à l’Université de Pristina, la capitale du Kosovo.

Un «pas vers la justice et la réconciliation»

Les Etats-Unis ont pourtant estimé qu’il s’agissait d’un «pas vers la justice et la réconciliation». «Cette annonce est essentielle pour promouvoir l’Etat de droit et la justice pour les victimes au Kosovo, et pour permettre au pays de tourner la page de cette période terrible et de rejoindre la communauté euro-atlantique», a dit un porte-parole de la diplomatie américaine cité par l'AFP.

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Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise a fait plus de 13.000 morts. Elle s’est terminée quand une campagne occidentale de bombardements a contraint les forces serbes à se retirer.

Le différend qui oppose la Serbie à son ex-province méridionale est l’un des conflits territoriaux les plus épineux d’Europe. Belgrade refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par le Kosovo.

«Nous savons que c’est la Serbie qui a commis des crimes au Kosovo. C’est pourquoi c’est une mauvaise nouvelle pour moi», a réagi Qazim Fazlia, un retraité vivant à Pristina.

«J’espère que (ces accusations) ne sont pas vraies», a renchéri Ermal Emini, un autre habitant de la capitale, âgé de 35 ans.

«Une campagne secrète» de MM. Thaci et Veseli

Le tribunal spécial a évoqué «une campagne secrète» de MM. Thaci et Veseli pour empêcher sa création et enrayer son travail «afin de garantir qu’ils ne soient pas traduits en justice».

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«Le procureur spécialisé a jugé nécessaire d’émettre cet acte d’accusation public en raison des efforts répétés d’Hashim Thaci et de Kadri Veseli pour entraver et saper le travail» du tribunal.

«A travers ces actions, ils ont fait passer leurs intérêts personnels avant les victimes de leurs crimes, l’Etat de droit et tous les citoyens du Kosovo», a-t-il écrit.

Interrogé par des médias en avril au sujet d’une éventuelle démission de son poste de président en cas de mise en accusation, M. Thaci avait rétorqué: «je répondrai positivement» à l’invitation à comparaître devant le tribunal, «mais je ne démissionnerai pas».

Le procureur avait dressé en février les premiers actes d’accusation dans cette affaire, sans communiquer l’identité des suspects.

Plusieurs hauts responsables kosovars ont été convoqués par le passé. L’ex-Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj a démissionné en juillet 2019 de ses fonctions après avoir été convoqué par le tribunal en tant que suspect.

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