«Rentrée politique» au Togo, jeunes et évêques montent au créneau

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Au Togo, c’est déjà «la rentrée politique», après une actualité dominée, depuis mars 2020, par le Covid-19. Le mouvement En aucun cas appelle à un changement de paradigme alors que les évêques dénoncent «l’impunité» et appellent à de profondes réformes.

«La lutte que nos aînés ont menée pour le changement au Togo depuis 30 ans pour un changement de régime, n’a pas porté ses fruits», c’est par ces mots que Folly Satchivi, porte-parole du mouvement En aucun cas, dresse un constat amer, celui d’une alternance ratée, regrette-t-il, dans ce pays sur lequel règne, depuis plus d’un demi-siècle, la «dynastie» Gnassingbé.

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Mais c’est particulièrement l’opposition qui se trouve pointée du doigt par le leader d’En aucun cas. Cette organisation qui a milité contre un quatrième mandat du Président Faure Gnassingbé, jusqu’à la tenue de la présidentielle de février 2020, a tenu récemment une conférence de presse. L’opposition classique, celle qui utilise «les mêmes stratégies» pour arriver aux «mêmes résultats sans pouvoir gouverner», y a été particulièrement fustigée.

«Tout a été un échec du fait des problèmes d’égoïsme, de leadership et de stratégie. Nous pensons que c’est assez et qu’il faut un changement de paradigme. Cela suppose un changement d’hommes et de logique dans la manière de lutter désormais contre le régime de Faure Gnassingbé», au pouvoir depuis le décès de son père Eyadéma Gnassingbé, en 2005, poursuit Folly Satchivi, pour Sputnik.

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Ce mouvement de jeunes engagé pour l’alternance veut «réinventer la lutte» pour l’avènement d’une nouvelle génération de leaders et le départ des hommes politiques qui ont toujours marqué la vie politique nationale, qu’il accuse d’ailleurs d’avoir «trahi la lutte pour l’alternance souvent contre leurs propres intérêts». Une accusation grave dont se défendent les principaux intéressés. Antoine Folly, qui dirige depuis plusieurs années l'Union des forces de changement (UDS-Togo), un parti d’opposition, réagit pour Sputnik.

«Ces jeunes, on les comprend. Mais, nous n'avons trahi personne! Par ailleurs, est-ce un changement de cap et d'orientation que demandent ces jeunes, ou c'est juste du dégagisme? Si c’est un changement d’orientation, c’est légitime. Mais si leur objectif n’est que de dégager les leaders politiques actuels, alors ils voient tout faux! Qu'ils sachent qu'on ne devient pas leader par une baguette magique, ou une conférence de presse. Quant à nous, nous n'avons pas forcément demandé à être là où nous sommes aujourd’hui. Et même si on laisse la place aux jeunes aujourd'hui, ceux-ci auront toujours besoin des anciens pour avancer.»

Qu’à cela ne tienne, Folly Satchivi donne rendez-vous à la jeunesse togolaise d’opposition pour qu’elle prenne sa destinée en main, plutôt que de «croire en la délivrance par des puissances extérieures ou de Dieu pour faire partir le régime des Gnassingbé».

«La jeunesse togolaise doit cesser de suivre des hommes mais des principes et des valeurs axés sur le changement et la liberté. Après les échecs, il nous faut nous relever en utilisant la défiance politique pour la destruction du système en place au Togo», a ajouté Satchivi affirmant que son objectif reste «l’assainissement» de la vie politique togolaise.

Les évêques font de la résistance

L’objectif de l’assainissement de la vie politique togolaise est aussi partagé par la conférence des évêques du Togo qui a récemment appelé à de profondes réformes électorales et à la fin de l’impunité dans le pays.

Dans la nuit du 19 au 20 juin, les évêques, réunis dans le cadre de la 124e session de la conférence épiscopale du Togo, ont dénoncé les graves «irrégularités» qui ont émaillé la présidentielle du 27 février 2020.

«Sans une sérieuse réforme du cadre électoral en vue d’élections libres, transparentes, crédibles et paisibles, la démocratie ne peut pas réellement fleurir au Togo. De même, tant que la vie sociopolitique sera dominée par l’armée, que les pouvoirs législatif et judiciaire ne seront pas réellement indépendants, tant que la corruption et l’impunité continueront de prospérer sur la terre de nos aïeux, les tensions ne pourront pas réellement s’apaiser», indique le communiqué ayant sanctionné la conférence et dont Sputnik a reçu copie.

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Les évêques pensent aussi que «tant que le mensonge sera utilisé en particulier dans les médias et sur les réseaux sociaux comme stratégie de déstabilisation des personnes et des institutions, tant que la ruse sera employée comme moyen de conquête et de conservation de pouvoir, enfin, tant que la violence ne sera pas condamnée et enrayée, les auteurs et les commanditaires sanctionnés, les remous politiques seront inévitables dans notre pays».

Parlant d’impunité, les évêques du Togo font allusion au «climat d’insécurité qui règne actuellement» dans le pays, avec «les assassinats et bavures depuis le 2 avril, date du début de l’état d’urgence lié à la prévention du Covid-19 jusqu’à ce jour. Des exactions pour lesquelles des enquêtes ouvertes n’ont encore rien données». L’opinion publique togolaise s’est en effet émue de plusieurs bavures, parfois mortelles, imputées à la force mixte anti-Covid. Cette entité sécuritaire a été mise en place par le gouvernement togolais pour surveiller le respect du couvre-feu et d’autres mesures décidées dans le cadre de la lutte pour contenir l’épidémie.

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