Les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques, ce qui crée un problème de santé majeur. Une équipe internationale de scientifiques vient de réaliser une avancée significative dans la recherche biomédicale sur des bactéries superrésistantes. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Nature Chemical Biology.
Piéger les bactéries superrésistantes
Dirigés par l’Institut de Duve de l’UC Louvain, en collaboration avec la VUB, le CNRS et l’université de Leeds, les travaux ont mis en évidence le mécanisme de résistance aux antibiotiques des bactéries Gram négatives. C’est une avancée significative qui ouvre la voie au développement de nouveaux antibiotiques pour soigner des infections, constatent des experts.
L’équipe de Jean-François Collet, professeur à l’Institut de Duve de l’UC Louvain, a notamment obtenu une image 3D qui permet de mieux comprendre le mécanisme de défense des bactéries, d’étudier la manière dont certaines d'entre elles renforcent leurs «murs d’enceinte» (leurs membranes) pour se protéger des attaques des molécules toxiques pour elles, notamment des antibiotiques.
Pour qu’une bactérie à Gram négatif (comme les salmonelles ou E.Coli) survive, elle doit construire deux «murs d’enceinte» qui la protègent contre les attaques des molécules censées la détruire, comme les antibiotiques. Si l’un de ces murs est abîmé, la bactérie meurt.
Dans le mur d’enceinte extérieur, il y a une sorte de «tour de garde» qu’on appelle BAM. C’est un lieu de passage obligé pour la surveillance, la maintenance et la protection des fortifications.
«BAM, c’est une protéine qui ressemble à un tonneau et qu’on trouve dans toutes les bactéries à Gram négatif, l’une des plus grandes familles de bactéries qui nous causent actuellement beaucoup de soucis, parce qu’elles sont entourées par deux membranes, soit deux murs. Quand il faut attaquer ces bactéries, il faut traverser ces deux murs. BAM est une protéine qui vient construire le mur d’enceinte extérieur», raconte Jean-François Collet, professeur à l’Institut de Duve.
Et d’ajouter que jusqu’ici, plusieurs découvertes avaient fait de BAM une cible privilégiée pour le développement de nouveaux antibiotiques, mais son mode de fonctionnement restait mal connu.
Mieux connaître l’ennemi, pour mieux le combattre
«C’est très important, parce que quand on peut voir notre ennemi, voir comment ses défenses sont organisées, ça change tout. On peut l’attaquer plus facilement», explique l’universitaire.
Et de résumer que cette découverte était très importante parce qu’elle permettrait de mieux cibler le mécanisme de résistance aux antibiotiques.