Commentant la situation financière critique du pays suite à la crise du Covid-19, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a laissé entendre le 14 juin lors d’un entretien sur la Chaîne 9 tunisienne que l’État pourrait recourir à la baisse des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite pour juguler la crise. La déclaration a provoqué une levée de boucliers dans le pays. Cependant, la porte-parole de l’exécutif Asma Shiri a dit mardi 16 juin sur les ondes de Mosaïque FM que cette solution «n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement». Elle est par ailleurs revenue sur le sens de la déclaration de M.Fakhfakh.
«La question n’est pas sur les agendas du gouvernement et ne fera pas partie de ses plans, d’autant plus que le chef du gouvernement a juste voulu provoquer un effet de choc», assure-t-elle.
Les chiffres
Dans son entretien, M.Fakhfakh explique qu’en raison de l’impact de la crise du Covid-19, la récession de l’économie du pays sera «de moins 4,3% et il est probable que ça s’aggrave, car la croissance ralentit aussi dans les pays avec lesquels nous traitons».
Le responsable a annoncé que les recettes fiscales de l’État vont baisser de 4,5 milliards de dinars (1,41 milliard d’euros), ajoutant que le Tunisie est endettée «à hauteur de 60%» de son PIB, et qu’elle «est hypothéquée à l’étranger et sa cotation est des plus faibles».
Passe d’armes avec l’UGTT
Le secrétaire général adjoint de l’UGTT Hfaiedh Hfaiedh a répondu au chef du gouvernement dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP). Il affirme que la centrale syndicale «refusait de porter préjudice aux droits légitimes des travailleurs et de leur faire subir les conséquences de la crise financière actuelle, qu’ils ne pourront pas assumer».
En septembre 2018, dans une déclaration à l’hebdomadaire français Jeune Afrique, le président de l’Instance nationale tunisienne de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, a informé que le coût de la corruption était estimé à «54 % de notre PIB». «Ce chiffre en lui-même est alarmant. L’impact de la corruption est énorme sur nos équilibres financiers, sans oublier que, de par son ampleur, c’est aussi un frein voire un repoussoir pour l’investissement étranger», s’alarmait-il.
En 2020, le budget de l’État s’élève à environ 47 milliards de dinars (15 milliards d’euros), dont 20 milliards (six milliards d’euros) sont réservés au payement des salaires.