Christophe Castaner se trouve dans une position délicate. Après ses récentes déclarations sur les soupçons de racisme dans la police et la suppression de la technique d’interpellation par étranglement, il n’est plus soutenu par les forces de l’ordre, en particulier les syndicats policiers. Même Emmanuel Macron ne semble pas approuver ses annonces.
«Casta, ça ne le fait pas», aurait-il confié en privé, d’après Le Canard Enchaîné. Le numéro deux de Castaner, Laurent Nunez, semble lui aussi se désolidariser de son ministre au vu de sa déclaration de mercredi 10 juin sur Europe 1: «Nous ne laisserons pas passer la stigmatisation de la police et les attaques portées à la police. En tout cas, croyez bien, vu mon engagement, vu ce qu’a été mon engagement pour la sécurité des Français, j’y veille personnellement».
«La situation de Christophe Castaner est intenable», résume un membre de la majorité pour Le Figaro.
Tout en étant le «premier flic de France», le ministre a été largement critiqué pour avoir menacé les policiers de sanctions en cas de «soupçons avérés» de racisme, tout en tolérant la manifestation pour Adama Traoré, interdite par la préfecture, car l’émotion «dépasse les règles juridiques».
Bientôt remplacé?
Après les rumeurs d’un changement de gouvernement, touchant notamment le Premier ministre, l’Intérieur pourrait lui aussi être concerné, au point que des noms circulent déjà pour remplacer M. Castaner. Le poste intéresse l’actuel ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, rapporte Le Figaro, mais aussi Gérald Darmanin, de l’Action et des Comptes publics.
Parmi les noms cités figurent aussi le secrétaire d’État à la Jeunesse, Gabriel Attal, l’ancien patron du RAID et député LREM Jean-Michel Fauvergne, le vice-président du Conseil régional d’Île-de-France et ancien directeur général de la Police nationale, Frédéric Péchenard, ou encore Jean Castex, en charge de la mise en place du déconfinement.
«Couper la tête de Castaner, ce serait donner une victoire trop facile aux syndicats policiers», assure toutefois un conseiller de l’Élysée au Canard Enchaîné.
Les demandes de démission se multiplient de la part de l’opposition, mais c’est loin d’être la première fois. En octobre dernier, après l’attaque à la préfecture de police de Paris, son départ était déjà réclamé pour avoir nié l’existence de «signes de radicalisation» chez le suspect. Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, Christophe Castaner est toujours là.