C’est un signe qui ne trompe pas, lors de la crise du coronavirus et à l’occasion du déconfinement, les citadins se sont rués sur les résidences en périphérie des métropoles ou à la campagne.
Résister à quoi?
Le confinement avait offert une belle image du truculent député, entouré de ses trois fils, dont un rugbyman professionnel. Chez lui, à Lourdios-Ichères –dans sa vallée d’Aspe natale–, on le voyait manier la tronçonneuse et la débroussailleuse. Revenu sur le terrain de la politique, il s’applique méticuleusement dans ce livre à débroussailler ce qu’il appelle «la force d’occupation», la globalisation et le «capitalisme financiarisé». S’inquiétant pour l’avenir du pays, se plaignant de l’état de la démocratie, il tronçonne à tour de bras politiques, fonctionnaires et médias:
«Encore faut-il résister aujourd’hui au monde inhumain qui s’est emparé de nous depuis une vingtaine d’années, un monde basé sur le capitalisme financiarisé, outrancier, qui a totalement pris en main nos gouvernements, la classe politique de la plupart de nos pays, en même temps que nos hauts fonctionnaires –et maintenant la classe médiatique–, parce que la plupart des journaux sont aux mains des grands propriétaires du CAC 40.»
C’est ce qu’il appelle le crépuscule, un système supranational «établi au seul profit des puissants». Il voit en outre «notre grand pays sortir peu à peu de l’Histoire»: selon lui, la France et l’Europe ne sont «plus qu’un vaste marché à conquérir» et prévient que «nous sommes tous archidépendants d’une puissance qui n’est pas armée, mais tout aussi redoutable». L’assujettissement vis-à-vis des GAFA durant la crise sanitaire n’est qu’un exemple parmi d’autres de ce processus.
Lassalle, un «homme proche du terrain»
Au long des lignes de ce livre, l’ancien candidat à la présidentielle en 2017 met en garde: «attention, nous sommes très fragiles et très vulnérables». Il souhaite revenir à «l’aurore» qu’il appelle de ses vœux, pour retrouver le modèle universaliste et renouer avec les territoires. Se défendant de tout utopisme ou angélisme, il rappelle l’étiquette d’«homme proche du terrain» dont il est affublé, mais dont il joue régulièrement pour avancer ses pions. Qui ne se rappelle pas ses principaux faits d’armes, comme sa grève de la faim en 2006 dans la salle des Quatre-Colonnes du Palais-Bourbon pour s’opposer à la délocalisation d’une usine, quand il entonna un chant occitan «Se Canto» en pleine séance de l’Assemblée nationale ou encore quand il arbora avec fierté un Gilet jaune dans l’hémicycle, malgré les admonestations de Richard Ferrand? En 2013, il accomplit même un tour de France à pied, long de 6.000 km en neuf mois pour prendre le pouls des Français:
«Il faudra certainement attendre longtemps pour retrouver un député, du moins en France, qui se mette autant en danger lui-même pour alerter ses compatriotes, d’une certaine idée de l’humanité, de la civilisation, sur les dangers mortels qu’elle encourt. Il est encore temps de se ressaisir», lance-t-il en guise d’autosatisfecit.
Il se plaint même d’avoir été copié par le Président de la République: «Emmanuel est arrivé, il a fait deux fois le tour du salon, il a dit “En Marche” et ça a marché». En écho aux cahiers de doléance de 1789, il a lancé les cahiers de l’espoir, qui seront repris par le PCF et finalement par le Grand débat national en 2019. Copié, mais «pas écouté», selon lui. Face à un système qu’il juge établi au seul profit des puissants, celui qui a pris ardemment la défense des Gilets jaunes monte à nouveau au front pour saluer les Français.
«Malgré tout, le peuple a tenu bon. Le peuple ne nous a jamais déçus, dans le fond. Le peuple a beaucoup souffert de ce confinement, mais il a été présent au rendez-vous. Nos élites ne l’étaient pas.»
Le monde d’après de Jean Lassalle
Celui qui a été maire de Lourdios-Ichères durant quarante années se plaint que l’interdiction du cumul des mandats ait «chassé» les maires de l’Assemblée nationale, l’un des piliers de la démocratie. Il demande ainsi l’abrogation de la Loi NOTRe de 2015 sur l’organisation territoriale, et souhaite faire du retour à la campagne, une grande cause nationale, afin notamment de relancer le modèle de l’agriculture familiale.
«Comment avons-nous pu devenir stupides au point de nous entasser depuis près de deux siècles dans de grandes conurbations? […] Nous ne pouvons continuer avec cet entassement d’un côté sur 20% du territoire d’une population hébétée, et de l’autre côté sur 80% du territoire désertifié, une population abandonnée, livrée à elle-même, privée des services publics, privée de toute relation.»