La crise sanitaire du Covid-19 bientôt passée, avec un bilan stable au fil des jours (moins d’une soixantaine de cas actifs au 8 juin 2020), il est l’heure pour le gouvernement tunisien de se concentrer sur le plan de relance de l’économie et d’autres grands chantiers.
D’«écouter les avis des jeunes et leurs propositions concernant des questions brûlantes telles que la rupture scolaire et l’adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail», lit-on dans un communiqué, publié le 7 juin sur la page Facebook de la Présidence du gouvernement.
Cette rencontre s’inscrit aussi dans le cadre des efforts déployés à l’échelle nationale, «dans le domaine de la digitalisation, compte tenu des résultats positifs enregistrés dans la lutte contre le coronavirus grâce aux solutions numériques développées», justifie encore le texte.
La liste des invités n’a pas été publiée sur la page de la Présidence du gouvernement, mais elle a filtré sur les réseaux sociaux. C’est là justement que la polémique s’est déclenchée, notamment à propos de deux utilisatrices du réseau social Instragram présentes parmi les invités du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, c’est même une vague d’indignation qu’a soulevée ce choix de «la légèreté» pour lequel a opté le gouvernement.
Le journaliste Abdel Aziz Hali, a publié un post Facebook virulent, dans lequel il a critiqué la décision de Fakhfakh d’inviter des Instagrameurs et des influenceurs, les qualifiant de «hérauts de l’abrutissement des masses, chantres du Web-Business et marqueurs de la Toute-Puissante Médiocrité!»
Randa Hcini, une internaute, a publié un tweet où elle a exprimé son indignation quant au choix de deux Instagrameuses, estimant qu’elles n’ont «aucune connaissance du chômage ni de la privation» et qu’elles n’ont «aucune idée sur les vrais problèmes des jeunes». Et elle s’est demandé pourquoi l’invitation n’avait pas plutôt été adressée à des jeunes des zones défavorisées.
وينهم شباب المناطق المهمشة و الي يعانوا من البطالة والحرمان في شتى مجالات الحياة..على اي أساس اختار هاذم الفخفاخ؟باين الي هما لا عاشوا فقر ولا تهم
يش..منين باش يعرفوا هموم الشباب التونسي🙃
— randahcini (@HcinirandaC) June 7, 2020
الانسة بلقيس كسوري يفلق *****😉😑#منارك 😂 pic.twitter.com/6zYbiaHLI5
Dans un tweet, un autre internaute, Mahdi Rebaai, a ironiquement suggéré aux ministres de travailler via des «stories», ces photos ou vidéos que l’on publie sur Instagram et qui s’effacent automatiquement après 24 heures.
بعد ما سي fuckfuck استدعى رايا بوعلاق و بلقيس كسوري كمؤثرات في المجتمع البدني التونسي انا نحب نطلب من اي مكان في العمل حتى الوزراء يوليو يخدمو بالستوري و علاش لا وزراء تربية زوز يزيدو matière الي هي تنمية بشرية اهوكة الي يكمل قرايتو و يحب يجيبو رءيس الحكومة يعمل ستاج و الي
— Mahdi Rebaai (@RebaaiMahdi) June 7, 2020
Qui sont Raya Bouallègue et Balkis Ksouri?
On trouve aussi Balkis Ksouri, une Youtubeuse et Instagrameuse de 21 ans. Connue grâce à sa chaîne YouTube, «Beki’s World», qui compte 603.000 abonnés, mais aussi son compte Instagram suivi par 1,2 million de followers, elle publie régulièrement des vidéos sur sa vie quotidienne et ses aventures avec ses amis.
Cette dernière n’a d’ailleurs pas tardé à répondre à ses détracteurs, en publiant une vidéo pour expliquer ce qui s’est passé durant la réunion et mettre fin à la campagne de dénigrement qui s’est déclenchée contre elle et sa collègue.
«En résumé, la Présidence du gouvernement a tenu une réunion avec une quinzaine de jeunes de parcours différents. Chacun de nous a parlé de la valeur ajoutée de son action et de ses propres difficultés. Personnellement, j’ai évoqué le problème de l’absence de statut légal pour les Instagrameurs, les Youtubeurs et les créateurs de contenu en général en Tunisie. C’est ce qui explique l’image négative qu’ils ont aux yeux du public. D’ailleurs, j’espère que cette image changera un jour!»
Toutes les réactions n’ont pas été hostiles à Balkis Ksouri et Raya Bouallègue. Certains ont pris leur défense, en estimant qu’elles représentaient «le nouveau monde digital qu’il faudrait prendre plus au sérieux».
Un autre internaute, Khaled, a estimé dans un tweet que l’invitation des deux Instagrameuses par le gouvernement pourrait les inciter à publier des «stories» dans le but de promouvoir le tourisme tunisien.
Face à cette polémique, la Présidence du gouvernement a préféré garder le silence et n’a pas publié la liste officielle des invités.