Racisme dans la police: ceux qui le dénoncent ont «des carrières ralenties, des sanctions disciplinaires»

© REUTERS / Charles PlatiauPolice française (archives)
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Les révélations tonitruantes de Streetpress sur un groupe Facebook réservé aux forces de l’ordre où sont postés des messages racistes, voire «des appels au meurtre», soulèvent le problème de la xénophobie dans la police. Sputnik s’est entretenu avec le secrétaire général du syndicat Vigi Police pour comprendre l’ampleur du phénomène.
«La police est une institution donc elle n’est pas raciste. Ce sont les hommes et les femmes qui la font vivre. Il y a des racistes dans la police nationale, oui malheureusement. Mais une minorité heureusement. Le problème aujourd’hui c’est qu’ils ne sont pas sanctionnés.»

C’est le constat amer que fait au micro de Sputnik Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi Police. Dans un contexte de défiance envers les forces de l’ordre, quand une partie de la population française se mobilise contre les violences policières et le racisme, les dernières révélations de Streetpress montrent les dérives d’une minorité d’agents.

Selon l'enquête publiée jeudi 4 juin, des policiers postent depuis des années messages, commentaires racistes et sexistes dans un groupe Facebook privé réservé aux forces de l’ordre. Baptisée «TN Rabiot Police Officiel», cette page créée en 2015 fait la part belle au traitement «satirique» de l’actualité de la sécurité publique. Elle renferme notamment de «nombreuses moqueries sur les portières de voitures de police, en référence à un homme qui s'est fait écraser la jambe à Villeneuve-la-Garenne», ou parfois «des appels au meurtre», comme l’écrit Streetpress.

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«Minorité dangereuse»

Pour ces faits, Christophe Castaner veut saisir la justice, a fait savoir l’entourage du ministre de l'Intérieur vendredi 5 juin à l’AFP. Une mise en application des récentes déclarations du ministre qui a promis de sanctionner les membres des forces de l’ordre pour «chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes».

Pour le syndicaliste, ces paroles «ne valent rien du tout».

«Quand notre collègue Noam Anouar a dénoncé des actes racistes, preuves à l’appui, dans certains services de police où il travaillait, Monsieur Castaner a fait le choix de l’envoyer en conseil de discipline. Le message envoyé est: je sanctionne les gens qui dénoncent ça», regrette Alexandre Langlois.

Pour le syndicaliste, il est important d’envoyer des signaux forts à la population en condamnant cette «minorité dangereuse» car «dans les faits, ceux qui dénoncent ces agissements ont des carrières ralenties, des sanctions disciplinaires. On inverse le problème, la police nationale à l’heure actuelle, dans sa structure, ne veut pas régler les problèmes mais les cacher. Et s’ils sont cachés, pour eux ils n’existent pas», déplore-t-il.

Sanctionner les dérives

Alexandre Langlois rappelle que le «collègue à Rouen vit un cauchemar depuis qu’il a dénoncé [les faits, ndlr], car les gens sont toujours en poste. Pour le moment, toutes les déviances sont protégées par Monsieur Castaner et ceux qui les dénoncent sont sanctionnés».

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Dans cette affaire, des policiers rouennais mis en cause en décembre 2019 pour des propos racistes échangés en privé sur la messagerie Whatsapp ont été renvoyés en conseil de discipline à la suite d'une enquête disciplinaire, a annoncé jeudi 4 juin à l'AFP le patron de la police, Frédéric Veaux.

Une histoire qui a démarré avec le dépôt de plainte d’un policier noir, affecté à l’unité d’assistance administrative et judiciaire, contre six de ses collègues de Rouen après qu’il a découvert être la cible de propos racistes de leur part. Jeudi, Arte Radio et Mediapart ont diffusé les propos de ces policiers qui révèlent notamment des termes comme «bougnoules», «nègres» ou «fils de p*** de juifs », eu encore: «Je n’attends qu’une chose, c’est que tous ces gens crèvent. […] Ça régénérera l’espèce humaine et surtout la race blanche». Par ailleurs, certains auteurs des messages se revendiquent ouvertement fascistes.

«Il faudrait épurer la police nationale de ces éléments qui posent un sérieux problème de crédibilité, d’image, qui perturbent le travail de tout le monde, qui décrédibilisent la police nationale. Ce qui fait que des personnes peuvent dire: on a peur de la police, en faisant des généralités et des amalgames», dénonce Alexandre Langlois.

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Par ailleurs, la confiance des Français en les forces de l’ordre diminue. Selon une étude réalisée par OpinionWay pour le centre de recherches politiques de Sciences Po réalisée entre le 28 janvier et le 4 février, 66% Français ont confiance en la police. En décembre 2018, ils étaient 74%.

Faire preuve d’exemplarité

Comment faire pour résorber cette fracture? Selon le secrétaire général du syndicat Vigi Police, «l’exemplarité» est la clé pour retrouver du crédit auprès de la population. Pour ce faire, il est primordial de «changer les politiques, la haute hiérarchie, les préfets qui sont nommés par les politiques qui cautionnent et permettent à ce système d’être gangréné», détaille Alexandre Langlois.

«Ce qui est malheureux en France, et dans la police nationale plus particulièrement, c’est que ce n’est pas la justice et les textes de loi qui font peur à notre hiérarchie et qui font changer les comportements, c’est la presse et l’opinion publique», conclut le secrétaire général du syndicat Vigi Police.
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