Vladimir Poutine a décrété mercredi 3 juin l’état d’urgence en Russie, suite au déversement de plus de 20.000 tonnes de diesel dans plusieurs rivières de Norilsk, en Sibérie orientale, qui aurait été provoqué par la fonte du pergélisol.
«J’accepte votre proposition de décréter l’état d’urgence à l’échelle fédérale», a indiqué M.Poutine au ministre russe des Situations d’urgence, Evguéni Zinitchev, lors d’une réunion consacrée à l’élimination des séquelles du déversement de diesel dans le territoire de Krasnoïarsk.
Le chef d’État a appelé à rapidement prendre des mesures pour récupérer les produits pétroliers qui polluent l’environnement.
Pollution grave
À l’heure actuelle, le taux de concentration de polluants dans les rivières de la région est plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la norme, a annoncé la directrice du Service russe de contrôle de l'exploitation des ressources naturelles (Rosprirodnadzor), Svetlana Radionova, lors de la réunion.
«Nous avons prélevé près de 25 échantillons et établi que le taux maximal autorisé a été dépassé des dizaines de milliers de fois dans les cours d'eau. L’épaisseur maximale de produits pétroliers aux barrages flottants atteint 20 centimètres, au total, près de 20 km des cours d’eau sont pollués entre le lieu de l’accident et les barrages. L'agence estime qu’environ 6.000 tonnes de produits pétroliers se sont retrouvés au sol et environ 15.000 tonnes d'eau [polluée] ont pénétré dans les cours d'eau. Presque tous les affluents de ces rivières sont remplis de produits pétroliers», a précisé Mme Radionova.
Selon le Parquet général de Russie, des produits pétroliers ont été notamment détectés dans la rivière Ambarnaïa, qui alimente en eau potable un quartier de Norilsk, le lac Piassino et le fleuve Piassina qui se jette dans la mer de Kara. La rivière Daldykan, un affluent de l’Ambarnaïa, a aussi été pollué.
Une unité de sauvetage maritime de Mourmansk, qui a participé à l’élimination de plus de 50 déversements d’hydrocarbures dans différentes parties du monde, s’est rendue sur les lieux. Les spécialistes ont installé plusieurs lignes de barrages flottants sur l’Ambarnaïa et limité la propagation des produits pétroliers.
Que s’est-il passé?
Le 29 mai, vers 9h00, près de 21.000 tonnes de diesel se sont déversées d’un réservoir situé sur le territoire de la centrale thermique N°3 de Norilsk et destiné à l'approvisionnement continu de la centrale en cas d'interruption de l'alimentation en gaz. La centrale se trouve à quelques kilomètres à l'ouest de la ville.
Selon le ministère des Situations d’urgence, la dépressurisation du réservoir s’est produite suite à la fonte du pergélisol sous cette installation capable de contenir 30.000 tonnes de combustible.
«D’après les premières informations, le réservoir s’est dépressurisé en raison de l'affaissement des pieux de fondation, le carburant s'est déversé sur une route puis s'est enflammé. Dans le même temps, le carburant a continué de fuir dans les eaux des rivières Daldykan et Ambarnaïa», a indiqué le ministre russe des Situations d’urgence, Evguéni Zinitchev.
Le géant minier Norilsk Nickel, propriétaire de l'entreprise exploitant la centrale, confirme l’hypothèse de la fonte du permafrost sous le réservoir.
Près de 4.500 tonnes de sol pollué ont depuis été retirées vers une installation de stockage temporaire, a appris Sputnik auprès du service local des Situations d’urgence.
Trois procédures pénales ouvertes
Selon le Parquet général de Russie, trois affaires pénales ont été engagées suite à l’accident pour violation des normes de protection de l’environnement pendant des travaux et pollution des eaux et du sol.
Un accident comparable à celui d’Exxon Valdez
Selon Greenpeace, l’accident survenu à la centrale thermique de Norilsk est le premier d’une telle importance en Arctique transpolaire.
En effet, un évènement similaire s’est produit en 1989 lorsque le pétrolier américain Exxon Valdez s’est échoué en 1989 sur les côtes de l’Alaska et y a provoqué une importante marée noire.