Ce qui se passe actuellement dans les cabinets ministériels au Mali n’est quasiment pas nouveau. Des centaines de dossiers bloqués et qui n’attendent qu’une petite signature du ministre. En effet, dans chaque contexte de changement de gouvernement, le pays subit une paralysie qui ne dit pas son nom. Le fonctionnement normal du service public dans les départements ministériels en prend un sérieux coup. Au détriment des usagers.
« Cela fait dix jours que je cours après une autorisation d’ouverture de mon centre de formation, on me dit que le ministre est trop pris en ce moment », s’indigne Moussa Mariko, entrepreneur dans le domaine de l’art contemporain.
Alors qu’un proche du ministre de la communication, Yaya Sangaré, confie à Sputnik qu’en temps normal une telle demande ne prend pas une journée.
Garder son fauteuil à tout prix
Finie la lancinante séquence de mise en place du bureau de la nouvelle Assemblée ainsi que des différents groupes parlementaires. Place aux tractations, en vue de former le gouvernement, dans les états-majors de la centaine de partis politiques qui forment la mouvance présidentielle et la majorité à l’Assemblée nationale. Une source proche de la présidence a indiqué à Sputnik que, l’annonce officielle du prochain gouvernement est « une question de jours » en attendant quelques derniers « petits réglages ».
Les malades du Covid aux abois
Mais paradoxalement, c’est bien le Covid-19, malgré ses 77 morts et ses 1265 cas déclarés positifs à la date du 31 mai semble souffrir de cette situation. Certains malades disent être « abandonnés sans aucun suivi » depuis quelques jours.
Le gouvernement du #Mali annonce le 30 mai 2020 vingt-quatre nouveaux cas de contamination au #coronavirus à Kayes, Kati, Koutiala, Mopti, Djenné, Tombouctou et Bamako portant à 1 250 le nombre de cas identifiés dont 696 guérisons. Trois nouveau décès constatés (76 au total). pic.twitter.com/lHeOfI6hE0
— Jigi (@JigiAfrica) May 30, 2020
Au Centre hospitalier du Point G, principal centre de traitement du Covid-19 du pays, règne une grande agitation. La peur est montée d’un cran chez des malades qui menacent de s’évader.
« On dirait que nous n’existons plus. Nous sommes traités comme des moins que rien non seulement par les autorités sanitaires mais aussi par le personnel soignant qui nous répète sans cesse d’aller nous plaindre où nous voulons. La semaine dernière tous les malades du centre s’étaient révoltés contre la mauvaise qualité de la nourriture servie, et des soins administrés », témoigne Alou Traoré, un malade de la structure, à Sputnik.
Plus d’un observateur se demande pourquoi, malgré le fait que le Mali soit le dernier des pays du Sahel à être touché par la pandémie, le taux de décès va crescendo et bat le record de pays comme le Sénégal ou le Burkina. Mais ce sont surtout des écarts liés à la mauvaise gestion de la crise par le département de la Santé qui ont entamé la confiance de l’opinion publique. Des soupçons sur d’éventuels détournements de masques et de gel hydrocarbures font que le ministre Michel Hamala Sidibé, pourtant pas directement mis en cause, cogite sur son improbable reconduction au gouvernement.
Mesures sociales Covid-19 au Mali: soupcon de détournement des vivres destinés aux démunis par un chargé de miss https://t.co/IGXvpUUxfH
— Julien TRAN (@julientran) May 29, 2020
D’autres départements ministériels se trouvent également secoués par des affaires de Coronabusiness, comme on les appelle dans la presse malienne. Fin mai, un chargement de camion en vivres initialement destiné à des communautés pauvres dans la périphérie de Bamako dans le cadre de l’effort gouvernemental a été nuitamment aperçu au grand marché de Bamako entrain de livrer son contenu dans le magasin d’un commerçant de céréales. Les enquêtes pour trouver les auteurs de cette tentative de détournement de vivres n’ont rien donné à présent. Des Maliens parient déjà que ce ne sera pas sous ce gouvernement, ni sous le prochain, que les responsables seront sanctionnés.