Grâce à la 3D, un Camerounais veut offrir une seconde chance aux personnes amputées

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À la tête de Boussole Technologie, une start-up camerounaise, Adolphe Mpacko conçoit des prothèses de la seconde chance pour les personnes amputées. Son idée? Imprimer des prothèses 3D, très précises et fonctionnelles, pour remplacer leurs membres perdus. Ce doctorant en médecine veut venir en aide aux patients de son pays. Portrait.

Ambitieux et plein de vie, Adolphe Mpacko, la tête bien pleine, se présente comme un apporteur de solutions technologiques. À 24 ans, ce doctorant en médecine de l’université de Yaoundé 1 a créé Boussole Technologie, une start-up pionnière de l’impression 3D à usage médical dans le pays. Grâce à cette technologie, le futur praticien conçoit «des prothèses de la seconde chance» pour les personnes amputées. Une initiative qu’il raconte fièrement et qu’il est le seul, au Cameroun, à avoir expérimentée.

«Nous fabriquons des prothèses de membres inférieurs, notamment des prothèses fémorales (pour personnes amputées au-dessus du genou) et des prothèses tibiales (pour personnes amputées en dessous du genou», détaille le jeune entrepreneur à Sputnik.
© Sputnik . Anicet SimoAdolphe Mpacko, fondateur de Boussole Technologie
Grâce à la 3D, un Camerounais veut offrir une seconde chance aux personnes amputées - Sputnik Afrique
Adolphe Mpacko, fondateur de Boussole Technologie

Basée à Yaoundé, capitale du Cameroun, Boussole emploie à présent environ cinq personnes. La start-up, lancée en 2019, a déjà réalisé une demi-quinzaine de prothèses de différentes catégories. Temps de réalisation d’un prototype? «Une semaine», selon le promoteur et en fonction des commandes. Vendues entre 500.000 et un million de francs CFA (769 et 1.538 euros) en fonction des calibres, elles sont produites à la demande des patients.

«La réalisation de chaque prothèse est faite en fonction des commandes car la prothèse de chaque patient est unique, suivant les paramètres de celui-ci. Généralement, les patients sont orientés vers nous par des praticiens avec qui nous collaborons», nous renseigne le jeune entrepreneur.

Le déclic

Alors qu’il est en stage en 2016 au Centre national de réhabilitation des personnes handicapées Cardinal Paul Émile Leger basé à Etoug-Ebe à Yaoundé –une institution chargée de la réinsertion socioéconomique et professionnelle des personnes en situation de handicap–, Adolphe Mpacko, étudiant à la faculté de médecine, prend conscience d’une réalité jusque-là lointaine: la situation des personnes amputées.

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C’est ainsi que lui vient à l’esprit de créer une start-up spécialisée dans la conception et la fabrication des prothèses.

«Dans ce centre, nous avons noté des chiffres extraordinaires en termes d’amputation de membres, mais malheureusement l’appareillage des patients est insuffisant. L’évidence est donc là et témoigne qu’il existe un véritable problème autour de l’appareillage des personnes amputées chez nous», détaille le jeune médecin.

Le jeune visionnaire va saisir la perche et donner vie à ses idées. Bien que déjà en activité, Boussole Technologie connaît encore les difficultés communes aux start-up en phase d’amorçage. Le plus compliqué, nous relate le jeune entrepreneur, a été de recruter la ressource humaine spécialisée et professionnelle.

«Nous travaillons avec un médecin, un designer, un orthoprothésiste, deux agents marketing. Mais le regroupement de ces ressources humaines, au vu des technologies nouvelles que nous utilisons, n’est pas facile. À cela s’ajoutent beaucoup d’autres problèmes, notamment les difficultés d’ordre financier comme l’acquisition d'équipements de production», relate Adolphe Mpacko.

Malgré tout, l’initiative a fait du progrès et sa pertinence fait déjà l’objet de pas mal de collaborations.

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En effet, Boussole Technologie participe depuis quelque temps «à un programme d’accompagnement d’entreprise piloté par l’agence universitaire de la francophonie». La start-up espère ainsi passer un cap et diversifier son offre.

«Nous voulons, d’ici à quelques années, devenir une véritable structure de production de plusieurs gammes de dispositifs médicaux: prothèses dentaires, prothèses orthopédiques de membres supérieurs», ambitionne l’entrepreneur.

Jeune et passionné, Adolphe Mpacko, sixième d’une fratrie de sept, se positionne comme un leader dans son domaine. Contrairement à ses confrères qui finissent généralement sans emploi à la fin de leur formation, le futur médecin a fait le choix d’entreprendre et pour une cause noble: apporter des solutions technologiques à son secteur d’activité et surtout, donner une seconde chance aux personnes amputées.

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