Mercredi dernier le gouvernement tchadien a annoncé la réouverture des commerces, y compris des marchés, mais aussi des restaurants pour la vente à emporter. Depuis deux mois, l’économie du Tchad au niveau micro a été de facto mise sur pause, puisqu’elle est dominée majoritairement par le secteur informel et que la plupart des habitants vivent habituellement d’un revenu journalier.
Nouvelles consignes pour les commerçants
Le pouvoir s’est décidé à cet allègement à condition du respect total des consignes sanitaires. Dans le cas contraire, tout le pays pourrait se retrouver de nouveau confiné, toute activité suspendue. Ce matin, une réunion concernant le nouveau mode de fonctionnement a rassemblé les autorités de la capitale tchadienne et les employés du secteur commercial, qui ont pu échanger, raconte Abdoulaye Mahamat, délégué des commerçants du marché central de N’Djamena.
«On nous a donné quelques consignes par rapport au nombre de personnes qui peuvent se trouver à la boutique en même temps, sur les gestes barrières et sur la désinfection du marché. De notre côté, nous avons demandé de mettre des désinfectants à la sortie de tous les marchés de N’Djamena. Puisque le grand marché est géré par la mairie, nous avons demandé de mettre à notre disposition 2-3 personnes de la Commission de Cellule des techniciens pour nous aider, car les commerçants ne sont pas aussi protégés qu’eux».
«Nous avons perdu entre 3 et 4 milliards»
Les commerçants avouent que la réouverture des marchés a été une grande surprise dans le contexte sanitaire actuel, et a provoquée sans aucun doute la joie mais aussi le constat effrayant des pertes financières, Abdoulaye Mahamat estime qu’elles sont « colossales».
« Pour les commerçants, ces deux mois ont été très difficiles, car nous vivons au jour le jour, et il y a eu vraiment des pertes. Même le chef de l’État en faisant la déclaration a dit que les commerçant allaient souffrir, c’était involontaire mais la santé passe avant tout. Nous travaillons dans le commerce informel, nous n’avons aucun soutien, chacun pour soi. Nous avons perdu entre 3 et 4 milliards de francs CFA durant le temps de la fermeture».
Des gants périmés
Le retour au revenu sûr et quotidien est nécessaire pour la plupart des Tchadiens, il est de leur intérêt de respecter les consignes données par les autorités, les commerçants sont prêts à distribuer des masques à l’entrée du marché et à en porter avec des gants tout au long de la journée, malgré les 45 degrés à l’ombre. Sauf qu’il y a un autre problème, confesse le délégué des commerçants du marché central de N’Djamena.
«Les gants qui sont vendus sur tous les marchés tchadiens sont périmés, donc nous avons demandé de meilleurs gants. Le gouvernement nous a promis de s’occuper de ce problème.»
Au moins 6 mois pour revenir «à la vie normale»
La pandémie a officiellement débuté au Tchad le 19 mars et depuis, les Tchadiens attendent le retour vers une situation où il leur sera possible de gagner leur pain comme avant. Saleh Goudja, président de la Coordination nationale des organisations des commerçants du Tchad, se montre optimiste mais estime qu’il faudra plusieurs mois pour regagner un terrain plus au moins stable.
«Les choses vont s’améliorer dans les jours à venir, et les gens vont s’habituer aux consignes mais l’économie a été à l’arrêt pendant deux mois, c’est difficile à imaginer que dans un ou deux mois les choses reviennent à leur état normal, à mon avis il faudra au moins six mois pour le retour à la vie normale. Tout le monde a souffert, beaucoup, et la perte est lourde. Le gouvernement a beaucoup de possibilités pour aider, et il nous a déjà aidés en rouvrant les marchés et en diminuant les impôts.»
Malgré les allègements, le couvre-feu a été prolongé pour deux semaines à compter d’aujourd’hui et court de 20h à 5h du matin à N’Djamena-Farah, Guité, Mayo-kebbi Est, Mayo-kebbi ouest, Logone occidentale, Logone orientale, Logone-Gana et Mandélia.