Impact du Covid-19 sur le trafic de drogues: «le monde criminel va pouvoir répondre beaucoup plus rapidement»

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Un nouveau rapport de l’Onu alerte sur l’impact néfaste de la crise sanitaire du coronavirus sur le trafic et la consommation de drogues illicites. Décryptage d’Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français et directeur adjoint du CF2R pour le Désordre mondial.

L’Onu vient de conclure que les difficultés économiques causées par le Covid-19 pourraient avoir un impact sur la distribution et consommation mondiale de drogues illicites, et ce, pour le pire.
 

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français et directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), explique que la crise qui perturbe les chaînes d’approvisionnement habituelles pourrait provoquer une démondialisation de la production de drogue: 

«La production va arriver à domicile. C’est-à-dire qu’il va avoir de la localisation, des fermes de marijuana et autres qui vont se développer dans les pays consommateurs.
Cela existait beaucoup, mais c’était surtout sous la mainmise des gangs vietnamiens. Généralement, ils étaient supervisés par les Triades chinoises. Eh bien, on risque d’avoir de plus en plus de fermes clandestines de ce type qui se développent aux États-Unis même ou en Europe.» 

L’auteur du livre Les Triades: La menace occultée (Éd. du Rocher) explique comment la crise sanitaire affecte le crime organisé impliqué dans le trafic de drogue et autres activités illicites: 

«Le monde criminel, comme le monde économique, est impacté directement. La grosse différence, c’est que le monde criminel va pouvoir répondre beaucoup plus rapidement. Une activité que l’on risque de voir se développer, ce sont les prêts financiers qui vont permettre au monde criminel de laver plus d’argent sale qu’auparavant.
Ils avaient beaucoup de mal à le blanchir ces derniers temps, parce que les législations sont de plus en plus restrictives, mais tant que les paradis fiscaux continueront à exister, cet argent va continuer à circuler et beaucoup de PME/PMI vont avoir besoin d’argent frais.» 

Et l’ancien officier supérieur de renseignement de poursuivre:

«Les banques vont se montrer réticentes pour beaucoup de prêts et donc les différentes organisations criminelles transnationales peuvent pallier cette insuffisance et racheter des entreprises dans le domaine légal. Et c’est le rêve de tous les “boss” de se trouver une place dans l’économie réelle, d’où il peut dépenser de l’argent gagné d’une manière tout à fait légale.»
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