Le Cameroun fait partie des États les plus touchés par la pandémie en Afrique subsaharienne. Le 25 mai, le pays a franchi la barre des 5.000 cas testés positifs au coronavirus pour près de 171 décès. Une explosion des contaminations qui fait présager des scénarios apocalyptiques. Dans une publication sur son compte Twitter, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé, annonce l’entrée dans une nouvelle phase de la pandémie et souligne la nécessité d’observer les mesures barrières.
Il est important de noter que nous entrons dans une phase compliquée de la pandémie. Nous devons donc, plus que jamais, nous protéger, protéger nos familles et protéger les autres en observant les gestes-barrières. Portez un masque en sortant et lavez-vous régulièrement les mains
— Dr MANAOUDA MALACHIE (@DrManaouda) May 24, 2020
Répondant aux questions des internautes au sujet des non-dits de cette «phase compliquée», le ministre de la Santé explique qu’elle fait référence à une «multiplication des cas positifs par une accélération de la transmission du virus du fait des comportements irresponsables ou de l'inconscience de certains d'entre nous». Une alerte prise très au sérieux par des professionnels de la santé comme Parfait Mbvoum, épidémiologiste, interrogé par Sputnik.
«Il est important de comprendre, par le message alarmiste du ministre, que nous sommes passés à la deuxième phase de contamination. Il faut redouter un pic dans deux, voire trois mois», renchérit-il.
Limiter les contaminations
Si le ministre met encore l’accent sur le respect des mesures barrières, c’est aussi parce que dans le pays, le relâchement a pris place et beaucoup ont recommencé à vivre comme si le Covid-19 n’existait plus.
L'entrée en vigueur de ces nouvelles mesures a poussé certains citoyens à croire que «le coronavirus est fini au Cameroun». Une baisse de la vigilance qui a sans doute fait exploser les contaminations. Dans une récente interview accordée à Sputnik au lendemain de cette décision du gouvernement, Achille Assako, journaliste et analyste politique, redoutait déjà une deuxième vague d’infections.
«Les conséquences à court terme de cette épidémie risquent d'être celles observées dans tous les pays qui ont trop vite levé le pied face aux mesures à prendre contre le Covid-19, c’est-à-dire une explosion du nombre de contaminés. On le saura dès la fin du mois de mai et courant juin», prévoyait alors l’analyste.
Des dispositions plus draconiennes devraient être prises pour juguler l’expansion de la pandémie.
«Pour ne pas en arriver là, il faut d’abord avoir les chiffres véritables, notamment la carte réelle des infections selon les quartiers, les villages, les arrondissements, les départements et les régions. Dès que l’on aura toutes ces données, on procédera à des confinements par zone. On ne peut pas contrôler un virus, qui est immatériel, de façon hasardeuse», précise l’épidémiologiste.
La multiplication des cas aujourd’hui donne raison à ceux qui prédisaient le pire après les mesures d’assouplissement décidées par le gouvernement camerounais. Alors que la pandémie continue de faire des ravages dans le pays, Yaoundé a annoncé la reprise des cours dans les établissements scolaires pour le 1er juin prochain. Une autre décision qui suscite moult controverses dans les milieux politiques et au sein de la communauté éducative. Parents et enseignants demeurent sceptiques quant à la capacité du gouvernement à garantir la sécurité des élèves au vu de leur gestion peu rassurante de cette crise.