La récente décision de Mahmoud Abbas de retirer la Palestine de tous les accords conclus par le passé avec Israël et les États-Unis, y compris de celui d’Oslo de 1991, est la seule mesure possible pour protéger les territoires de Cisjordanie face aux intentions israéliennes, a déclaré à Sputnik Fayez Abu Ayta, secrétaire du Conseil révolutionnaire du mouvement palestinien Fatah.
«Ce n’est pas notre faute si nous sommes au seuil d’une nouvelle confrontation avec Israël. C’est seulement en rompant tous les engagements avec Washington et Tel Aviv que la Palestine a la possibilité de défendre son droit d’exister et d’avoir son propre territoire. Nous avons déjà dit que nous empêcherions la réalisation de "l’accord du siècle". Le gouvernement israélien n’écoute que lui-même et sa propre avarice. Mais ce n’était que le premier pas car plus loin Israël ira, plus les réponses de la Palestine seront lourdes», a-t-il indiqué.
De son côté, le professeur de science politique de l’université al-Qods Shaat estime dans un commentaire à Sputnik que la décision de Mahmoud Abbas peut devenir un tournant dans le conflit israélo-palestinien.
«Évidemment, cette mesure a été dictée par la nécessité de sauver la Palestine de l’annexion presque totale. Si les Israéliens annexent la vallée du Jourdain, les espoirs de créer un État arabe avec les frontières de 1967 disparaîtront. Cela ne doit pas arriver», a-t-il insisté.
Le rôle de Washington
Sputnik a également interrogé le parlementaire israélien Ahmad Tibi, l’un des leaders du parti Liste arabe unie, seul parti de la Knesset à s’être opposé à l’annexion. Il a notamment indiqué que ce projet était discuté, outre à la Knesset, par un comité spécial dirigé par l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman.
«Ses actions et sa vision sont beaucoup plus radicales que celles des représentants du Likoud et de l'alliance Bleu et blanc», a-t-il ajouté.
D’après M.Tibi, les tentatives de la Russie d’amener les parties à la table des négociations témoignent du fait qu’elle veut réduire l’influence de Washington sur le développement de la situation et apporter une multipolarité dans le règlement du conflit.
«Cela peut-il affecter la position de Washington? C’est possible, mais ce n’est pas le problème des États-Unis. C’est Israël qui doit renoncer à l’annexion. Dans le cas contraire, Israël commencera la procédure sans le soutien visible des États-Unis», a-t-il expliqué.
La voix de Moscou pourrait être écoutée
Pour l'expert égyptien sur le conflit palestino-israélien Abdel Mahdi Mutawaa, la Russie doit intervenir car elle seule peut jouer le rôle de tiers de confiance pour Israël ainsi que pour la Palestine.
«Compte tenu du poids de la Russie au Moyen-Orient, sa médiation peut jouer un rôle clé pour arrêter l'escalade du conflit. En même temps, elle est un partenaire stratégiquement important pour Israël et un solide soutien à la Palestine depuis de nombreuses années. Par conséquent, il y a de grandes chances que les deux parties écoutent la voix de Moscou », a-t-il conclu.
Les projets israéliens concernant la Cisjordanie
Le Premier ministre israélien a déclaré dimanche 17 mai, devant le Parlement réuni pour un vote de confiance envers son gouvernement d'union avec Benny Gantz, que l’heure était venue d’annexer des pans de la Cisjordanie.
L'accord de partage du pouvoir entre MM.Netanyahou et Gantz prévoit l'annonce, à partir du 1er juillet, d'une stratégie pour appliquer le projet américain de résolution du conflit israélo-palestinien. Selon ce plan, Israël est autorisé à annexer la vallée du Jourdain et plusieurs colonies israéliennes en Cisjordanie.