Les temps sont durs pour les commerçants algériens. La décision du gouvernement de fermer les boutiques à cause du Coronavirus risque d’être fatale pour ce secteur.
«Nous n’avons pas travaillé depuis deux mois, puisque nos magasins sont fermés. Mais je suis tenu d’assurer les salaires de trois cents employés en plus des nombreuses charges. Ma société doit payer les loyers des boutiques qui s’élèvent à trente millions de dinars par mois [215.000 euros]. La situation est devenue intenable», avoue le chef d’entreprise.
Trésorerie à sec
Djamel Ramoul estime être aspiré dans une spirale infernale. Il a été dans l’impossibilité d’ouvrir ses magasins pendant le mois de ramadan, période durant laquelle il réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires. Sa trésorerie étant à sec, il ne peut effectuer le dédouanement de la nouvelle collection printemps-été. «À l’heure actuelle, j’ai quinze conteneurs de produits qui sont au port d’Alger. Pour procéder au dédouanement, nous sommes tenus de payer 58% de la valeur de cette marchandise.»
Abderahim Chehili, franchisé d’une marque de prêt-à-porter canadienne, est lui aussi dans la même situation. Il estime que les représentants des grandes enseignes sont lésés par la procédure d’importation imposée par la Banque d’Algérie depuis 2017.
«Auparavant, nous pouvions importer notre marchandise grâce à un crédit documentaire, nous avions alors un délai de cinquante-neuf jours après réception pour payer notre partenaire. Depuis 2017, nous sommes tenus de déposer en banque l’équivalent de 120% de la valeur de la marchandise et de bloquer cette somme pendant trente jours», explique-t-il à Sputnik.
Reprendre son souffle
Pour Abderahim Chehili, seule une intervention urgente des autorités pourrait sauver les franchisés et permettre de préserver plus de 13.000 emplois. «La solution passe par la possibilité de dédouaner nos marchandises grâce à un échéancier de paiement. Il serait également important de geler la disposition de 2017 pour une durée déterminée et de revenir momentanément à la formule du crédit documentaire. Cela nous permettra de reprendre notre souffle.»
Djamel et Abderahim réfléchissent déjà au moyen de trouver des fonds pour importer, dès septembre, les collections automne-hiver. S’ils n’y parviennent pas, la relation contractuelle qui les lie à leur partenaire étranger risque d’être rompue.