Le pilote Maurice Guido, qui avait participé aux attaques contre les forces de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale sur le front russe au sein du régiment Normandie-Niémen, avait un journal intime. Sa fille Anne-Marie Guido a envoyé à Sputnik quelques extraits datés de 1945.
1er mai. Mussolini a eu des ennuis avec des patriotes, ils l’ont pendu avec sa maîtresse.
Et le comique Hitler serait mort d’après les radios, je n’y crois pas trop. Ça sent la fin!
2 mai. Beau mais terrain détrempé.
À la radio, Berlin est tombée et la vaillante armée des fascistes s’est rendue.
Hitler ne serait pas mort…par contre M.M. Laval et Deat sont à Barcelone.
Quelle pitié, les programmes de la radio française!!!
5 mai. Ce matin, ordre de départ, vers midi, avant l’averse, nous sommes partis à la sauvette pour Bladian. En y allant , nous avons été faire un tour sur Pillau et la pointe… Tout est cassé et rasé, ils tiennent encore à l’autre bout, pour combien? Vraiment, ils sont durs!
La radio annonce que Doenitz aurait demandé la paix.
Berlin a été prise dans la nuit, nous avons vidé nos chargeurs en l’air tout contents. Un ordonnance,le nôtre, en entendant la fusillade, s’est précipité dehors en chemise et caleçon, un fusil à la main… il voyait des espions partout et tremblait comme une feuille…il a fallu le calmer avec du rhum, on a beaucoup ri!
6-7 mai. Il pleut, boue. La radio confirme la reddition sans condition de Doenitz mais ne peut pas la rendre officielle.
8 mai. Nous déménageons à Heiligenbeil à quelques kilomètres à côté. La base fritz a beaucoup souffert, elle devait être magnifique, je n’ai jamais vu autant de véhicules brûlés ou cassés,et des camions de tout calibre assemblés.
Les bâtiments (le nôtre est le mieux), quoique à moitié cassés, sont potables et le nôtre, d’après les vestiges, nous montre avec quel luxe et confort étaient traités les officiers aviateurs fritz… Monsieur le Ministre de l’air, venez vous en rendre compte!
Il était question de faire des missions et, naturellement, j’étais d’alerte… à 17 heures, la B.B.C. nous annonce que la guerre prendra fin cette nuit à 0 heure, 1 minute. Ouf! On a gagné!
Le manuscrit original de ce journal fait partie du fonds Maurice Guido au Musée de la Grande Guerre Patriotique de Moscou depuis 2015.