Les pharmacies pouvaient vendre des masques au grand public depuis un mois, mais le gouvernement l'a passé sous silence

© AP Photo / Daniel ColeUne pharmacie à Marseille pendant l’épidémie de coronavirus
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Depuis fin avril, les Français peuvent librement acheter des masques dans les grandes surfaces et les pharmacies, mais ces dernières étaient autorisées à le faire depuis plus d’un mois, sans pour autant le savoir. En cause, une communication trompeuse du gouvernement en vue de dissimuler cette information, indique Franceinfo.

Depuis le 23 mars, les pharmacies pouvaient légalement vendre des masques chirurgicaux et FFP2 au grand public, mais la plupart ne l’ont pas fait, pensant que c’était illégal. Jusqu’à cette date, les masques étaient en effet réquisitionnés par l’État afin d’être distribués en priorité au personnel soignant. Un document du ministère de la Santé est ensuite venu préciser que seuls les masques achetés avant le 23 mars étaient concernés, mais celui-ci n’a été publié que le 30 avril.

«Il y a beaucoup de pharmaciens qui tout à coup découvrent qu’on leur a menti depuis le 24 mars», a indiqué à Franceinfo Me Fabrice Di Vizio, qui en représente plusieurs. «Mais in fine, ça reste le patient, ça reste la population, qui a été privée de ces masques dont elle avait cruellement besoin», a-t-il ajouté.

Jusqu’à fin avril, le gouvernement s’est bien gardé de préciser cette information. Et tout dans sa communication confirmait les doutes des pharmaciens, persuadés qu’ils risquaient alors jusqu’à 10.000 euros d’amende et six mois de prison. Ils pouvaient pourtant bel et bien en importer, dans une limite de cinq millions par trimestre et par entreprise, et les vendre aux Français, comme l’a confirmé le Conseil d’État le 5 mai.

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Le 17 mars, Sibeth Ndiaye avait insisté sur le fait que «non, les Français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies». Olivier Véran a ensuite déclaré le 19 avril que «si on commence à ouvrir la vente en pharmacie, ce sera une vente qui sera vite tarie».

Une «consigne» du gouvernement en contradiction avec la loi

«Nous n'avons pas vendu de masques alors qu’on en avait bien le droit parce que nous souhaitions respecter la doctrine d’Olivier Véran même si ce n’était pas un texte juridique», a admis Carine Wolf, présidente nationale de l’Ordre des pharmaciens. Elle a affirmé auprès du site Reflets.info qu’elle avait prévenu le ministre de la Santé vers la mi-avril que certains pharmaciens avaient pu importer des masques et désiraient les vendre.

«Ne faites pas ça, vous allez créer la ruée dans les pharmacies, à côté de ça les soignants ne vont pas comprendre qu’eux n’en ont toujours pas assez», lui avait-il alors répondu.

Une consigne qui a poussé les pharmaciens à ne pas se réapprovisionner en masques, par peur de violer la loi. Pendant ce temps, la grande distribution ne s’en est pas privée. Pourquoi alors avoir caché pendant plus d’un mois que l’importation et la vente de masques n’étaient pas interdites? Contacté par France Info, le cabinet du ministre de la Santé n’a pas répondu à la question.

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