Pour la première fois depuis le milieu des années 1980, des bâtiments des forces navales de pays de l’Otan sont entrés lundi 4 mai dans les eaux de la mer de Barents sous la surveillance des navires de la flotte russe du Nord. Rédacteur en chef du magazine russe Arsenal de la Patrie, Viktor Mourakhovski a partagé avec Sputnik son sentiment.
L’occasion de tester un système russe de surveillance
Bien que la Défense russe n’ait pas précisé quels navires de la flotte du Nord étaient impliqués dans l’opération de surveillance du groupe de l’Otan, le croiseur lance-missiles Maréchal Oustinov est parti mardi 5 mai pour des tirs d’entraînement dans la zone. Les militaires russes en profiteront également pour tester leurs nouveaux systèmes de surveillance, assure l’expert.
«Ce n’est un secret pour personne que la Russie crée dans les latitudes arctiques un système complexe pour connaître la situation dans les airs, en mer et sous la mer. Ses éléments essentiels ont déjà été mis en place et la visite des destroyers américains en mer de Barents est une meilleure occasion de faire des essais de ce système. Mais d’habitude, dans des situations similaires, un ou deux navires surveillent le groupe naval d’un ennemi éventuel. L’aviation, elle aussi, surveille les navires. Il est probable que des sous-marins soient aussi impliqués», a indiqué à Sputnik l’expert militaire Viktor Mourakhovski.
Nouvelle stratégie de Washington
L’apparition des bâtiments militaires américains en mer de Barents, première depuis la fin de la guerre froide, témoigne d’un changement d’orientation dans la stratégie du Pentagone, poursuit l’expert.
Après la guerre froide, souligne-t-il, les États-Unis ne considéraient pas la Marine russe comme un digne adversaire et, à l’exception de leurs visites dans la mer Noire, faisaient essentiellement du renseignement près des frontières terrestres de la Russie.
«Ces derniers temps, Washington parle de nouveau de la nécessité de s’opposer à la Russie et à la Chine. Ils [les Américains, ndlr] modifient l’orientation de leurs entraînements militaire et opérationnel, la structure de leurs forces et même leur approvisionnement de combat. Et les manœuvres de ce groupe naval en mer de Barents font partie de cette stratégie», a-t-il précisé.
Opération de sécurité maritime
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a indiqué lundi que le groupe naval de l’Otan comptait dans ses rangs les destroyers Porter, Donald Cook et Roosevelt de la Marine américaine et une frégate britannique. Les destroyers en question sont de classe Arleigh Burke et sont équipés du système de combat Aegis.
De son côté, la Sixième flotte des États-Unis a informé que les bâtiments étaient engagés dans une opération de sécurité maritime conjointe dans des conditions environnementales difficiles au-delà du cercle polaire.
Et de préciser que la Russie avait été prévenue à l’avance afin d’éviter tout malentendu et de diminuer les risques d’une escalade involontaire.