«Il n’y a plus d’État, car les nations ont été dissoutes dans l’Europe maastrichtienne.»
Michel Onfray est un fervent défenseur de la sortie de l’Union européenne (UE), qu’il qualifie de maastrichtienne, en référence au Traité de Maastricht signé en 1992 et donnant une volonté politique à l’UE. D’après le philosophe, la terrible crise sanitaire qui frappe le monde et la France a démontré l’«échec» de l’Union européenne. Il rejoint donc la cohorte des critiques de Bruxelles en ces temps tumultueux. Nombreux sont ceux qui ont pointé du doigt le manque de coordination et de réaction de l’Union européenne face à la pandémie du coronavirus.
Des Italiens brûlent des drapeaux de l’UE sur les réseaux sociaux en chantant leur hymne national, «Fratelli d’Italia», et sommet après sommet, les 27 n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les solutions à apporter face à la crise.
Covid-19: l’UE en «échec»
La Banque centrale européenne a décidé de sortir la mitrailleuse à liquidités. Des centaines de milliards d’euros seront injectés dans les marchés. Mais les «coronabonds», instrument financier ayant pour but de mutualiser la dette des pays européens et défendus par plusieurs pays du sud de l’Europe –dont l’Italie et la France– ne séduisent pas les nations du nord, Allemagne en tête.
Face au caractère inédit de la crise, Emmanuel Macron multiplie les prises de parole appelant à une «souveraineté européenne». Pour Michel Onfray, il s’agit d’un «oxymore»:
«On ne peut pas avoir de souverainisme français et de souverainisme européen», juge le commentateur acéré de l’actualité.
Le philosophe prend l’exemple des masques, nécessaires pour se protéger du coronavirus et qui manquent encore dans plusieurs pays européens, dont la France.
L’économie de marché menace de détruire «le droit du travail et les avantages sociaux»
Début avril, Paris a commandé deux milliards de masques à la Chine. De quoi inspirer une réflexion à Michel Onfray:
«Le souverainisme européen, cela veut dire que les masques qui nous manquent ne seront plus fabriqués en Chine, mais en Pologne, là où le coût du travail est moindre.»
«L’économie de marché n’est pas réservée aux Français, mais au mieux-disant. Et ce ne seront pas les Français, sauf si l’on détruit le droit du travail et les avantages sociaux acquis depuis un siècle», ajoute le philosophe.
D’après lui, la volonté du locataire de l’Élysée est contraire aux intérêts de la France:
«Le souverainisme comme l’entend Emmanuel Macron se fait dans un cadre européen. Avec Macron, c’est l’Europe d’abord et la France après. Il a été mis au pouvoir par la caste des maastrichtiens, de droite comme de gauche, et il souhaite mettre un coup d’accélérateur au souverainisme européen, ce qui sera l’occasion de détruire la souveraineté de la France.»
Le philosophe a donc décidé de lancer «Front populaire» avec le journaliste et producteur Stéphane Simon, déjà responsable de son site Internet. Ce projet a vu le jour, car ses initiateurs pensent qu’il est temps de mettre fin «à la logique de Maastricht, du libéralisme, du libre-échange et de la mondialisation».
Onfray veut fédérer les souverainistes en dehors des partis
Pour ce faire, «Front populaire» a pour ambition de fédérer les souverainistes de tous bords. Le tout dans le but de mettre au point un programme pour le Frexit. Michel Onfray se défend de rouler pour quelque parti que ce soit, «ni Rassemblement national ni France insoumise».
«Nous sommes des populistes et je le dis clairement. Nous avons le souci du peuple. Et nous voulons lutter contre les “populicides”, ceux qui veulent tuer les peuples.»