Violences en banlieues: «Envoyer l’armée serait courir le risque de l’embrasement», selon Castaner

© AP Photo / Thibault CamusChristophe Castaner
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Les tensions observées dernièrement dans certains quartiers populaires en France «ne sont pas d'un niveau de gravité exceptionnel», a déclaré sur RMC et BFM TV le ministre de l’Intérieur, supposant qu’elles étaient notamment dues à «la dureté du confinement» et estimant que le recours à l’armée signifierait «courir le risque de l’embrasement».

Invité ce jeudi 23 avril de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFM TV, Christophe Castaner a évoqué les violences qui ont été enregistrées dans plusieurs banlieues dans le nord de la France et en région parisienne.

«Est-ce que c’est dû au confinement ou est-ce que c’est dû à l’arrêt de certains trafics, notamment du trafic de stupéfiants?», a demandé le journaliste.

«Il y a sûrement plusieurs raisons […]. Ce sont des tensions qui ne sont pas d'un niveau de gravité exceptionnel mais qui se multiplient», a indiqué le ministre, évoquant quelque «15 faits importants avec des guets-apens organisés contre nos forces de sécurité».

Il est également revenu sur les causes de cette situation qui sont, selon lui, «nombreuses».

Le confinement

Christophe Castaner a cité entre autres «l'effet du confinement, la dureté du confinement pour ces jeunes gens, la plupart sont jeunes».

«Ce sont des petits groupes qui pensent que ce serait ludique d'attaquer les forces [de police, ndlr] ou de brûler des poubelles. Ce n'est pas ludique, c'est dangereux. Et c’est dangereux pour eux-mêmes», a-t-il souligné.

Il s’est pourtant montré compatissant, affirmant qu’il pensait «à cette galère dans laquelle ils sont, à cette pauvreté […], qu’ils vivent auprès de leurs proches et qui peut provoquer une colère».

«Mais la bonne réponse à la colère, ce n'est pas de casser, ce n’est pas de brûler la voiture de son voisin qui lui aussi vit dans cette colère-là», a expliqué Christophe Castaner.

«Donc un, nous mettons des forces de sécurisation et nous intervenons systématiquement […], mais, deux, nous devons aussi accompagner ces jeunes», a-t-il noté.

Le risque d’embrasement

Est-ce qu’il y a un risque d’embrasement? Oui ou non, a demandé par la suite Jean-Jacques Bourdin, évoquant l’appel d’Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et premier vice-président de la mission d’information parlementaire Covid-19, qui a demandé le renfort de l'armée dans les quartiers où le confinement peine à être respecté.

«Je pense qu’envoyer l’armée ce serait justement courir le risque de l’embrasement», a répondu Christophe Castaner, rappelant que le métier de l’armée n’était pas «de gérer l’ordre public».

Il a rappelé dans ce contexte les «scènes d’émeutes» en 2005 et a affirmé que la France n'était actuellement pas «dans ce schéma-là», évoquant des «tensions sporadiques».

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«Mais il faut remettre les choses à leur place, a-t-il poursuivi. Je sens bien que certains voudraient en faire un fait politique, voudraient alimenter cela. Et de toute façon soit nous sommes présents dans les quartiers et on nous dit "Vous êtes trop présents " […] soit certains considèrent que nous ne sommes pas assez présents. La réalité, c’est que nous sommes présents, nous faisons des contrôles». Il a également cité des exemples concrets.

«En Seine-Saint-Denis, ce sont 220.000 contrôles que nous avons réalisés depuis le début du confinement. C’est un peu plus du double de la moyenne nationale. À Marseille, chaque soir, c’est 300 procès-verbaux pour infraction au confinement qui sont dressés, les deux tiers, c’est dans les quartiers, donc nous sommes présents, et quelquefois cela provoque des tensions», a relevé le ministre.

Mais, selon sa «conviction», «l’ordre républicain doit être présent partout».

Les tensions

Des violences ont éclaté dans plusieurs villes de la région parisienne après l’accident, le 18 avril, d'un motard circulant sans casque sur une moto-cross à Villeneuve-la-Garenne. L’homme a eu une jambe cassée après avoir percuté la portière d'une voiture de police banalisée qui s’était arrêtée à un feu rouge.

L’incident a trouvé un large écho sur les réseaux sociaux et a provoqué des échauffourées dans la ville le soir-même.

Toutefois, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a assuré le 22 avril, après quatre jours de tension, que cette dernière était «très largement redescendue».

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