La France est accusée par son voisin belge de «négligence» pour avoir omis d'alerter sur une grave pollution fluviale, qualifiée de «catastrophe environnementale», dont un site du groupe sucrier français Tereos est à l'origine, fait savoir l'AFP.
La pollution concerne l'Escaut, fleuve traversant la France, la Belgique et les Pays-Bas. La région belge de Wallonie, concernée par 35 km, soit 10% du parcours, a estimé à des dizaines de milliers de tonnes la quantité de poissons morts.
La rupture d’une digue d’un bassin de décantation de Tereos provoque la pollution du canal de l’Escaut jusqu’en Belgique https://t.co/L3bFi00fgB pic.twitter.com/b4f9X8gALn
— Courrier picard (@CourrierPicard) April 22, 2020
Dans un communiqué, cette région frontalière regrette qu'une pollution survenue le 9 avril près de Cambrai, dans le département du Nord, n'ait «jamais été signalée par la France aux autorités belges», en infraction avec une procédure d'alerte internationale.
Imminence de la pollution
Il a fallu attendre le 20 avril pour recevoir l'alerte d'un riverain belge de l'Escaut s'inquiétant de «la présence anormalement élevée de poissons morts à la surface du fleuve», est-il ajouté.
«La Wallonie, quant à elle, a immédiatement prévenu la Flandre [autre région belge en aval, ndlr] et les Pays-Bas de l'imminence de la pollution», et désormais la France est invitée à «faire la clarté sur cette négligence», poursuit le communiqué.
Au total 100.000 m3 de liquide noirâtre, essentiellement des matières organiques, se sont déversés dans la nature à partir du 9 avril, conséquence de la rupture d'une digue de l'usine Tereos de Thun-Saint-Martin qui retenait des eaux de lavage de betteraves.
Asphyxie des organismes
Selon l'Office français de la biodiversité, ces eaux de lavage ont «rapidement saturé le milieu aquatique», d'abord dans des ruisseaux des environs avant d'atteindre l'Escaut.
En se dégradant dans l'eau, ces matières organiques consomment l'oxygène présente et «asphyxient tous les organismes vivant à proximité», d'après la même source.
«C'est une catastrophe environnementale», a commenté un porte-parole de la région wallonne, Nicolas Yernaux, soulignant qu'une plainte serait transmise aux autorités françaises d'«ici à la fin de la semaine».
Le parquet de Cambrai en France a indiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour déterminer précisément les conséquences de la rupture de la digue, car les poissons morts «ne sont que les parties visibles de la pollution».
Tereos n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Le site de Thun-Saint-Martin est une installation classée soumise à des règlements stricts, notamment d'un point de vue environnemental.