Le déconfinement général ne devrait pas avoir lieu «avant de très, très longues semaines» a déclaré Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou, au micro de RTL ce samedi 11 avril. Alors qu’il avait d’abord tablé sur une période de confinement de deux mois minimum, le professeur Juvin estime désormais cette hypothèse «très optimiste».
«L’OMS a déclaré que le confinement ne devait pas être levé, parce que si vous levez brutalement le confinement, on aura 15 jours plus tard une augmentation massive des patients en réanimation. Le déconfinement doit arriver tardivement, il doit arriver par vagues. Peut-être en libérant d’abord les plus jeunes», a-t-il ainsi déclaré sur RTL.
Le médecin a également précisé qu’un certain nombre de conditions devaient être remplies pour envisager un déconfinement. Il préconise en particulier l’augmentation du nombre de lits disponibles en réanimation, l’octroi de masques à l’ensemble de la population, voire le recours à l’intelligence artificielle pour «identifier très vite les clusters» qui pourraient se reformer.
Réfléchir à l’après-crise
Au micro de RTL, le professeur Juvin a également invité à se projeter dans l’après-crise, pour éviter de réitérer les erreurs commises dans la gestion de l’épidémie. Appelant à repenser le système de santé, il a insisté sur une meilleure articulation entre médecine de ville et médecine hospitalière, ainsi que sur la suppression des échelons administratifs au sein des hôpitaux, en vue de «recentrer les soignants sur leur métier».
Il a également estimé que toutes les politiques économiques réalisées depuis vingt ans ont été de «rabot».
«Ceux qui conseillent ceux qui nous gouvernent, ont une vision extrêmement technocratique et bureaucratique. Ils ne se posent pas la question de la réalité des soins. L’absence de vision médicale est un vrai sujet», a-t-il affirmé sur RTL.
La situation des Ehpad
Le professeur Juvin a aussi tenu à donner son point de vue sur la situation dans les Ehpad, qu’il a qualifié de «scandale total», après plusieurs semaines d’épidémie. Le médecin a dénoncé des «pompes à fric», tout en décrivant des professionnels de santé «seuls, peu équipés et abandonnés».
«Les Ehpad sont des endroits où il y a peu de personnel, où on demande à une aide-soignante de courir d’une chambre à l’autre, sur 25 ou 30 ou 40 chambres pour faire la toilette et donner à manger. Il y a un vrai sujet d’encadrement», a-t-il ainsi tempêté sur RTL.