Le commandant du porte-avions nucléaire américain USS Theodore Roosevelt, qui avait lancé un appel aux accents dramatiques pour faire évacuer son navire contaminé par le coronavirus, a été démis de ses fonctions, a annoncé jeudi le secrétaire à l'US Navy, Thomas Modly.
«Nous ne sommes pas en guerre. Il n'y a aucune raison que des marins meurent», avait écrit le capitaine de vaisseau Brett Crozier dans une lettre à sa hiérarchie publiée mardi par le San Francisco Chronicle.
«Nous ne sommes peut-être pas en guerre dans le sens traditionnel du mot, mais nous ne sommes pas non plus complètement en paix», a noté M. Modly au cours d'une conférence de presse. «Et nous demandons à nos commandants de faire preuve de jugement, de maturité, de leadership et de calme sous la pression.»
Or le commandant Crozier a «fait preuve d'un très mauvais jugement en période de crise», a-t-il jugé.
Remplacé par son prédécesseur immédiat
Il sera remplacé par son prédécesseur immédiat, le vice-amiral Carlos Sardiello, qui lui avait transmis le commandement du Theodore Roosevelt en novembre dernier et qui connait donc parfaitement le navire.
«Le commandant Crozier a laissé la complexité du défi posé par l'épidémie de Covid à bord prendre le dessus sur son professionnalisme, au moment où le plus urgent était d'agir avec professionnalisme», a estimé M. Modly.
Mais cette lettre et l'écho qu'elle a recueilli ont «alarmé inutilement les familles de nos marins», a-t-il regretté. Elle a aussi «semé le doute sur les capacités et la sécurité opérationnelles du navire, ce qui aurait pu encourager nos adversaires à en profiter».
«C'est pour ces raisons que j'ai perdu confiance dans sa capacité à continuer à commander ce navire de guerre alors qu'il combat ce virus pour remettre l'équipage sur pied», a-t-il conclu.
Le secrétaire à l'US Navy a souligné que ce n'était pas le fait que le commandant du porte-avion ait lancé une alerte qui méritait son limogeage, mais le fait qu'il ait envoyé un e-mail aussi alarmiste au commandement régional avec une trentaine de personnes en copie.
C'est ce qui a apparemment permis que la lettre soit parvenue au San Francisco Chronicle, a-t-il ajouté sans accuser directement le commandant de l'avoir fait fuiter lui-même.
«Il y aura probablement des centaines» de malades
L'US Navy a commencé à évacuer les trois quarts de l'équipage du Theodore Roosevelt, un porte-avions nucléaire immobilisé à Guam depuis le 28 mars.
Le nombre de marins testés positif au Covid-19 est désormais de 114 et «il y en aura probablement des centaines», a indiqué M. Modly, soulignant qu'aucun des marins n'était gravement malade.
Le coronavirus représente un dilemme pour l'armée américaine, qui est fortement mobilisée aux États-Unis, où elle participe aux efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l'épidémie, mais qui veut rester opérationnelle pour continuer à démontrer la puissance militaire des États-unis à l'étranger.