La Police nationale a annoncé le premier décès dans ses rangs des suites du Covid-19: un major de 54 ans, employé comme expert formateur en Seine-et-Marne, n’a pas pu être sauvé en réanimation. Ce décès ravive le feu de la polémique sur le port du masque par les policiers sur le terrain.
Le 2 avril, le syndicat Vigi Police a porté plainte contre trois ministres «qui les emploient directement»: Édouard Philippe, Premier ministre, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur et Laurent Nuñez, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, pour «mise en danger délibérée de la vie d’autrui» et «non-assistance à personne en danger».
Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi Police en parle au micro de Sputnik. Il revient tout d’abord sur les propos polémiques de Didier Lallement, qui a affirmé ce 3 avril que les personnes en réanimation étaient celles qui n’avaient pas respecté le confinement.
«Dans le monde entier, la protection basique contre le coronavirus, c’est le port du masque, rappelle Alexandre Langlois. Dans la France en général et dans notre ministère, nous n’en avons pas assez. Nous comprenons que le personnel soignant est prioritaire, mais ça ne sert à rien d’envoyer les policiers au casse-pipes pour qu’ils soient contaminés ou deviennent vecteurs de contamination s’ils n’ont pas de protection adéquate.»
Le syndicaliste rappelle que les policiers n’ont pas de «droit de retrait» et s’insurge contre les propos de Christophe Castaner, qui fait référence au «caractère dangereux du métier» dont les policiers devraient être conscients.
«Ça revient à envoyer un policier sans arme pour interpeller un terroriste dangereux, dit le policier. L’arme contre un virus, c’est un simple masque.»
«Face à cette situation grave, nous n’oublierons personne. Nous préparons une seconde plainte, nommément contre tous les chefs de service qui ont signé l’interdiction de porter des masques et ont mis la vie de nos collègues en danger», annonce Alexandre Langlois.
«Le problème des équipements adéquats n'est qu'un détail de plus»
Alexandre Langlois fait également part du débat sur les protections individuelles des policiers lors de manifestations massives des mois écoulés. Mais contrairement à l’encadrement des Gilets jaunes, qui pouvait «être clivant», le syndicat Vigi Police relève «toute absence de débat» face à la pandémie. Il se félicite de plus que la base soutienne massivement la plainte de Vigi. «Malgré certains réfractaires, il y a une prise de conscience du danger d’aller au contact du public sans protection», relève Alexandre Langlois.
«On se sent abandonnés par Christophe Castaner depuis le début de son mandat. Le problème des équipements adéquats n’est qu’un détail de plus face à l’explosion des suicides, de l’impossibilité d’arrêter les criminels dans les cortèges ou de l’absence de formation pour certains», souligne le policier syndicaliste.
«On espère que notre plainte, à laquelle la loi nous autorise, aboutira et que M. Castaner prendra le maximum, c’est-à-dire un an. Même si la Cour de Justice de la République qui juge les ministres est spéciale, on espère que la multiplication des plaintes l’obligera à prendre ses responsabilités et à condamner les coupables qui ont mis en danger la vie de tous les Français», conclut Alexandre Langlois.