«Un bon père de famille»: au Québec, le Covid-19 propulse le Premier ministre Legault

© AFP 2024 MARTIN OUELLET-DIOTTEFrançois Legault
François Legault - Sputnik Afrique
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François Legault, Premier ministre québécois, n’a jamais été aussi populaire que depuis la pandémie de Covid-19. Sa gestion de la crise atteint presque 100% d’approbation au Québec. François Miville-Deschênes, expert en gestion de crise, explique surtout ce score historique par l’image rassurante de Legault et de son équipe. Décryptage.

Rarement le Québec ne se sera aussi massivement rangé derrière son Premier ministre provincial qu’en ces temps pour le moins difficiles.

Le 24 mars dernier, un sondage mené par la firme EKOS a conclu que 94% des Québécois appuyaient François Legault dans sa gestion de la crise du Covid-19. Le 18 mars, quelques jours après l’annonce des premières mesures, ce taux de satisfaction était déjà de 85%, d’après un sondage Léger–Le Devoir.

François Legault plus populaire que jamais

Pour François Miville-Deschênes, expert en gestion de crise, l’image rassurante du Premier ministre québécois et de son équipe plaît beaucoup aux citoyens de la Belle Province. Ex-directeur adjoint du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (2007-2009), François Miville-Deschênes a occupé divers postes dans la haute fonction publique fédérale dans le domaine des communications. En 2009-2010, il a pris part à l’élaboration du plan de communication d’Ottawa relatif à la pandémie de grippe H1N1.

«François Legault et son équipe donnent chaque jour à 13h une conférence de presse. Cette présence quotidienne a des effets positifs sur le plan psychologique: chaque jour, presque tout le Québec est devant sa télévision. Les Québécois écoutent François Legault et c’est rassurant. [...]
Legault incarne le bon père de famille, le directeur de la Santé publique, Horacio Arruda, est très humain et la ministre de la Santé, Danielle McCann, évoque une figure maternelle. Il me semble que ces éléments sont réconfortants», explique d’abord M. Miville-Deschênes à notre micro.

C’est le jeudi 12 mars, jour 1 de la crise, que Québec a annoncé la mise en place de fortes mesures pour contrer la pandémie de Covid-19. Entre cette date et le 31 mars, le nombre de personnes infectées est passé de 13 à 1.462 au Québec. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le Québec est la province canadienne où le plus de cas ont été découverts.

Le nombre de personnes contaminées toujours en augmentation

Avec 4.162 cas sur 8.548, le Québec enregistre environ 48,5% des cas, alors qu’il présente environ 22% de la population canadienne. Une réalité qui n’empêche pas François Legault d’être le Premier ministre provincial obtenant le meilleur taux de satisfaction dans le pays.

«Le côté empathique de Legault est aussi apprécié. Chaque jour, le Premier ministre et son équipe remercient des personnes qui travaillent au front ou qui doivent continuer à le faire en composant avec le Covid-19. [...] Évidemment, les mesures qui accompagnent la stratégie de communication font aussi la différence. La communication est un soutien à l’action. [...] Le gouvernement Legault n’a pas trop attendu avant d’agir», estime l’expert.

Si la gestion de François Legault est plébiscitée au Québec, celle de son homologue fédéral, Justin Trudeau, ne récolte pas plus de 49% d’avis favorables, selon un sondage de la firme Angus Reid. Dans la Belle Province, Justin Trudeau a été fortement critiqué en début de crise, notamment pour avoir tardé à fermer les frontières et toléré la poursuite de l’immigration illégale. Selon François Miville-Deschênes, François Legault semble aussi plus transparent que Justin Trudeau:

«C’est certain que Justin Trudeau n’a pas cette allure de bon père de famille qu’a François Legault. Il faut dire que la santé publique est un domaine de compétence provincial, alors Legault peut avoir l’air plus facilement en contrôle. Trudeau a eu à gérer des enjeux internationaux dont il ne pouvait pas dévoiler tous les détails [...] Malgré tout, on sent un côté propagandiste chez Trudeau. Justin Trudeau fait plus dans la partisanerie, ce qui n’est pas très bien vu en temps de crise», observe l’expert.

Le 31 mars, la presse a révélé que François Legault envisageait de renoncer à plusieurs de ses promesses électorales dans l’optique de concentrer l’action gouvernementale sur la relance de l’économie. Le 23 mars, Québec a annoncé la fermeture de tous les commerces et entreprises jusqu’au 13 avril, à l’exception de ceux déclarés essentiels, comme les épiceries et les pharmacies. Des milliers de travailleurs ont été mis à pied –temporairement et définitivement–, ce qui laisse présager le pire pour l’économie nationale.

Pour le consultant en relations publiques, l’après-crise sera plus difficile à gérer pour le gouvernement Legault que la crise en tant que telle:

«Après la crise sanitaire viendra la crise de l’économie. La crise a paralysé les opérations économiques. On dit qu’un tiers des entreprises et commerces ne pourront pas rouvrir [...] C’est après cette seconde crise que la population donnera une note finale à François Legault. Quelle sera-t-elle? Dur à dire, car il est difficile de prévoir dans quel état sortira le Québec de cette pandémie», a-t-il conclu.
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