Pendant que le monde entier applaudit l'action du personnel médical dans la lutte contre le coronavirus, en France, certains reçoivent des menaces. Tôt dans la matinée du dimanche 29 mars, Mira, une infirmière, a aperçu un papier sur son pare-brise au moment d’aller à l’hôpital. Il s’agissait d’une lettre signée par le «voisinage» qui lui demandait de «prendre un logement à l’hôpital» car elle représente un danger de contamination pour les habitants de son quartier, a rapporté Le Parisien.
. Infirmière menacée en Essonne : «Si un cas (de #Coronavirus se confirme dans la résidence, vous serez tenue pour responsable» -#LaHonte https://t.co/0ULUjM5nJu
— Mace-Scaron Joseph (@MaceScaron) March 30, 2020
«En concertation avec l’ensemble du voisinage, nous encourons un réel danger de vous avoir à nos côtés. […] Si un cas se confirme au sein de la résidence, vous serez tenue responsable!», est-il notamment écrit.
L’infirmière de 24 ans a fondu en larmes et est restée très remontée contre son voisinage le reste de la journée. Ses collègues lui ont conseillé de déposer une main courante, ce qu’elle n’a pas fait. De retour le soir à son domicile, de nombreux voisins ont applaudi à 20 heures: une incompréhension pour la jeune soignante.
Un acte isolé?
La mère de Mira a alors décidé de répondre à cette menace en déposant à son tour un courrier dans les boîtes aux lettres autour de l’impasse où vit sa fille: «Si vous respectez ce confinement, personne ne sera tenu responsable de cela à part vous […], soyons solidaires les uns envers les autres».
Apprenant l’existence de cette lettre, plusieurs riverains sont venus apporter leur soutien à Mira, niant tout accord avec le voisinage pour lui envoyer un tel message. «J'ai été surpris que quelqu'un puisse parler pour tout le monde, et je trouve ça honteux de méchanceté et de bêtise», a déploré l’un de ses voisins auprès du quotidien francilien.
Depuis, des affiches avec la mention «Merci Mira!» ont été placées dans la résidence. L’infirmière se gare désormais à 10 mètres de chez elle, par précaution. La maire de Dourdan a également soutenu Mira dès qu’elle a entendu parler de l’affaire. «Accuser cette infirmière de véhiculer le virus, c'est au-delà de l'entendement», a-t-elle déclaré, invitant à soutenir le personnel de santé engagé dans la lutte contre l’épidémie.
D’autres soignants menacés
À Bayonne, une infirmière a également aperçu un message apposé devant sa porte, lui demandant de «ne plus toucher les parties communes sans gants et sans s’être désinfectée les mains, idéalement de déménager aussi vite et loin que possible afin de ne pas mettre nos vies en danger». Une collègue habitant dans le même quartier avait reçu un message similaire, a rapporté France 3 Nouvelle Aquitaine.
Quand une infirmière des urgences de l’hôpital de #Bayonne découvre ce message sur la porte de son domicile, on revit les pages les plus sombres de notre histoire. Le personnel hospitalier mérite, bien plus que de l’égard, notre profond respect. #Covid_19 #solidarite pic.twitter.com/wSjffY261m
— Jean-René Etchegaray (@JreneEtchegaray) March 29, 2020
Même situation pour une soignante de Seine-et-Marne qui, malgré les applaudissements chaque soir dans son quartier, a été la destinataire d’une lettre l’invitant à faire ses courses «en dehors de la ville» et lui reprochant de promener son chien. «On met déjà notre vie de côté pour s'occuper des autres, alors qu'on nous traite comme des pestiférés, ça ne passe pas», a-t-elle déploré, citée par l’AFP.