La France est entrée dans une économie de «guerre» suite à l’adoption mercredi 25 mars par le Conseil des ministres de 25 ordonnances qui lui permettent d'organiser la lutte contre l'épidémie de coronavirus.
«Le nombre, 25 ordonnances dans un Conseil des ministres, est historique. Il faut remonter à 1958 pour trouver un précédent équivalent. C'est bien le signe que l'urgence dicte sa loi», a déclaré Édouard Philippe.
D’après le Premier ministre, le gouvernement souhaite ainsi limiter les graves dommages économiques et sociaux du confinement. Parmi les mesures figurent notamment la création du fonds de solidarité pour les PME, le report des factures, la prorogation des délais légaux ainsi que la protection des réseaux de télécommunications.
Plusieurs ordonnances concernaient des dérogations au droit du travail.
«Aménager temporairement le droit du travail pour permettre l'organisation d'une véritable économie de guerre dans les secteurs vitaux et sous conditions , a souligné Edouard Philippe.
Les ordonnances désapprouvées
Mais ces démarches ne font pas l'unanimité au sein de la classe politique. La sénatrice EELV Esther Benbassa affirme que la mobilisation sanitaire provoque «l’esclavage moderne» en France.
#COVIDー19, le virus qui tue, inaugure en France l'#esclavage moderne. La ministre du travail instaure les 60h/semaine dans certains secteurs, celui de l'agriculture exhorte les chômeurs à travailler aux champs pour remplacer les saisonniers. Elle n'est pas belle, l'union sacrée?
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) March 25, 2020
Julien Aubert, député LR, s’indigne également sur Twitter de l’abolition des règles du droit de travail.
Les mesures qu’impliquent la crise sanitaire doivent être strictement proportionnées. Après les congés, abolir par ordonnance les règles du droit de travail en portant la durée à 60h est un choix socialement régressif. @lesRepublicains https://t.co/piuLop0Fdv
— Julien Aubert (@JulienAubert84) March 25, 2020
Enfin, les députés de la France insoumise ont eux aussi exprimé leur désapprobation après avoir voté le 22 mars à l'Assemblée nationale contre la loi d'urgence sanitaire.
«Nous avons eu raison de voter contre la loi d'état d'urgence sanitaire. Car une fois de plus, c'est un prétexte à un nouveau recul des droits sociaux. […] Le gouvernement fait payer aux salariés la crise sanitaire qu'il a contribué à renforcer par son impréparation», pointe le parti de Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué daté du 25 mars.
Cependant, Philippe Dallier, sénateur LR, soutient l’initiative, expliquant qu’il «faut essayer de s'y adapter pour une période qui restera j'espère relativement courte. [...] Il faut effectivement prendre des décisions, on ne peut pas attendre que le temps passe et constater les dégâts après coup».
Amortir le choc social
L'absence de visibilité sur le confinement engendre l'incertitude économique. Bien que le conseil scientifique se soit prononcé pour la prolongation du confinement jusqu'au 28 avril, l’exécutif fera part de sa décision en fin de semaine, à l'approche de la première échéance des 15 premiers jours.