«Ça va être pire aux USA»: Trump à quitte ou double face au coronavirus

© REUTERS / Jonathan ErnstDonald Trump
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Si Donald Trump a jusque-là privilégié l’activité économique, l’aggravation de l’épidémie de Covid-19 aux États-Unis laisse entrevoir des conséquences considérables. Le coronavirus, en mettant en péril le très bon bilan économique du Président sortant, pourrait rebattre les cartes de la course à la Maison-Blanche.

Donald Trump joue serré. Avec des médias qui guettent le moindre de ses faux-pas et en ligne de mire l’élection de novembre 2020, le Président américain n’aura pas droit à l’erreur face à la crise majeure du coronavirus.

D’autant que l’horizon s’assombrit aux États-Unis. Ce 23 mars, Jerome Adam, administrateur fédéral pour la Santé publique («Surgeon general» en anglais), a prévenu:

«Je veux que l’Amérique comprenne: dans la semaine qui vient, ça va aller mal. Il faut vraiment, vraiment, que tout le monde reste à la maison. Je pense que beaucoup de gens font ce qu’il faut, mais on constate que beaucoup d’autres pensent que ça ne peut pas les toucher.»

Présent aux côtés du Surgeon general lors de cette conférence de presse, Donald Trump a confirmé ses inquiétudes. «Ça va certainement être pire», a-t-il annoncé, tout en ajoutant:

«[Mais] nous nous efforçons de faire en sorte que ce soit beaucoup, bien moins pire. Vraisemblablement, les chiffres vont augmenter avec le temps, pour ensuite diminuer.»

Ce 24 mars, le chef de l’État américain a annoncé l’acheminement vers New York de 400 unités d’assistance respiratoire. «Les travaux ont commencé pour quatre hôpitaux à New York», a-t-il ajouté.

​Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, Donald Trump a choisi une ligne de crête délicate en voulant se montrer rassurant. De fait, le Président américain, qui a fait fortune dans l’immobilier new-yorkais, a décidé combattre le Covid-19 d’abord sur le terrain économique. 

«Nous ne pouvons avoir un traitement [de l’épidémie, ndlr] pire que le problème lui-même, martelait-il encore le 23 mars. Notre pays n’a pas été construit pour être mis à l’arrêt. L’Amérique sera à nouveau et bientôt ouverte aux affaires. Très bientôt»

Les États-Unis, prochain épicentre de la pandémie selon l’OMS

Excès d’optimisme? Sans doute. Mais une attitude guère différente de celle de responsables politiques ailleurs dans le monde –notamment en France jusqu’en mars– que les médias, cependant, ne manquent pas de relever.

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Dans la presse hexagonale, Le Monde campe ainsi un Donald Trump presque infantile, qui perdrait «patience face au coronavirus». Aux États-Unis, la presse ne se montre pas plus tendre avec le dirigeant. Comment préserver l’activité économique en même temps que la santé publique? L’équation est difficile à résoudre, aux États-Unis comme en Europe.

Mais l’aggravation de la situation sanitaire ne laisse guère le choix au Président américain. Ce 24 mars, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé que les États-Unis pourraient devenir, après la Chine, puis l’Europe, l’épicentre mondial de la pandémie. Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, citée par Reuters, a évoqué une «accélération très forte» des nouvelles contaminations dans le pays.

Un impact déjà très probable sur la campagne présidentielle

Tous les États sont désormais touchés et au moins 542 personnes –en date de ce 24 mars– sont mortes des conséquences du coronavirus. New York et l’État de Washington sont particulièrement impactés avec, respectivement, 157 et 110 morts.

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Et sur la balance, le bilan humain s’impose désormais sur les considérations économiques. Surtout si l’activité économique réelle ralentit d’elle-même, malgré les injections massives de liquidités de la Federal Reserve dans l’économie financiarisée. Ce 24 mars, doivent être publiés des indicateurs économiques américains (commandes de biens durables, prix de l’immobilier) qui s’annoncent, sans surprise, mauvais.

En année électorale, Donald Trump pouvait se prévaloir jusqu’alors d’un bon bilan économique. En face de lui, le Parti démocrate n’a pas su faire émerger jusqu’ici un candidat charismatique. Régulièrement victime de trous de mémoire lors de ses discours, l’ex-vice-Président Joe Biden a peiné à convaincre de sa capacité à l’emporter dans la course à la Maison-Blanche. Ainsi, le 23 mars, le candidat à l’investiture démocrate s’est-il révélé incapable de faire face à une panne de prompteur.

​Dans l’histoire récente des États-Unis, un Président sortant a toujours été réélu en cas de bons résultats économiques. Une règle empirique qu’un conseiller de Bill Clinton avait résumée en 1992 par une phrase restée célèbre: «It’s the economy, stupid.» («C’est l’économie, idiot!»)

La pandémie de coronavirus, si son impact sur l’économie américaine se révèle catastrophique, pourrait donc bien changer la donne de l’élection présidentielle de novembre prochain. Après un mandat plombé par l’enquête sur une prétendue ingérence russe qui n’a pas abouti fautes de preuve, puis une tentative d’impeachment de la part du Parti démocrate qui a aussi échoué, Donald Trump joue donc encore une fois sa réélection.

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