Face à la pénurie de masques permettant de lutter contre la pandémie de coronavirus, le gouvernement rappelle que la baisse des stocks d'État est due à des décisions prises au début des années 2010. Marisol Touraine, présidente de l’organisation internationale Unitaid et ministre de la Santé de 2012 à 2017, a commenté la situation pour Le Parisien.
«Je regrette que, dans ce contexte, certains veuillent alimenter des polémiques inutiles […]. On l'a montré face à Ebola […]. On l'a montré face aux attentats […]. Entre 2012 et 2017, les stocks de masques chirurgicaux ont régulièrement augmenté, et nous les avons reconstitués après les attentats: il y avait 730 millions de masques chirurgicaux en 2012, et 754 millions en 2016 et 2017.»
Selon elle, il y avait «quelques dizaines de millions» de FFP2 dits «becs de canard», «de l'ordre de 75 millions en 2015».
La décision du SGDN en 2013
Un autre sujet épineux a été abordé concernant la gestion des stocks. Il y a sept ans, en 2013, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), rattaché à Matignon, avait pris la décision selon laquelle les employeurs, privés et publics, devaient désormais constituer des stocks de masques.
Mme Touraine a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’«un changement de doctrine».
«L'État ne peut pas tout stocker. C'est ce qu'ont fait la mairie de Paris et le ministère de la Santé pour les urgences. Ce n'est pas un changement de doctrine, c'est une décentralisation. C'est la raison pour laquelle certains établissements ou collectivités mettent aujourd'hui des stocks à disposition des maisons de retraite ou des soignants.
«Il faut que nous soyons rassemblés»
Interrogée sur les mesures prises par Olivier Véran, l’ancienne ministre a «salué» la façon dont il gère la crise.
Des vols «inacceptables», des «difficultés logistiques» et une baisse continue des stocks?
Plusieurs professions en première ligne face à la pandémie, à savoir les médecins, infirmiers, pharmaciens, et le 20 mars les pompiers, ont fait état ces derniers jours de pénuries de masques.
Tout en dénonçant des vols «inacceptables» dans des hôpitaux, le gouvernement a reconnu mercredi des «difficultés logistiques», et assuré le lendemain que 30 millions avaient été livrés aux pharmacies ou établissements de soins. L'État dit avoir 100 millions de pièces en stock, précise l’AFP. Le ministre de la Santé Olivier Véran pointe lui la baisse continue des stocks depuis de nombreuses années.
Un document daté du 16 mai 2013 par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) préconise en effet de dimensionner les stocks, entre autres, aux «capacités de fabrication et d'approvisionnement pendant une crise».