Nombreux sont les pays à avoir été pris de court par la propagation du Covid-19. Une éventuelle infection d’ampleur mondiale figurait pourtant dans plusieurs rapports préparés au sein de la communauté du renseignement et de la défense des États-Unis et de la France, écrit le Figaro qui cite quelques exemples.
Ainsi, un rapport du National Intelligence Council (NIC) rédigé en 2008 évoque «l’émergence d’une maladie respiratoire humaine hautement transmissible et pour laquelle il n’y aurait pas de contre-mesure adéquate». En tant que berceau de «la pandémie mondiale», les analystes y désignent «une zone densément peuplée, où les animaux et les hommes vivent à proximité les uns des autres, comme en Chine ou en Asie du Sud-Est».
Par ailleurs, la famille des coronavirus figure dans le rapport comme potentiel déclencheur de l’épidémie dans un pays avec «une capacité de surveillance sanitaire insuffisante», tout comme la transmission rapide de la maladie vers d’autres continents par «des voyageurs présentant des symptômes bénins ou asymptomatiques», malgré les limites imposées aux voyages internationaux.
Toujours en 2008, mais cette fois en France, poursuit le quotidien, le livre blanc évaluait le risque de pandémie à «une probabilité moyenne» pour une ampleur de «moyenne à sévère». Le livre blanc de 2013 fait des pronostics plus pessimistes:
«Le risque existe d’une nouvelle pandémie hautement pathogène et à forte létalité résultant, par exemple, de l’émergence d’un nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou d’un virus échappé d’un laboratoire de confinement».
La crise malgré les prévisions
Bien que la pandémie n’ait pas été évitée, la communauté stratégique avait tout de même pris «la mesure de l’ampleur potentielle d’une crise comme celle que l’on vit», estime Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire.
«On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une surprise stratégique. Mais le problème de ce genre d’anticipation est d’être lue au bon niveau et d’avoir une influence», confie-t-il au Figaro.
Selon lui, la pandémie n’a pas été traitée avec autant d’urgence que d’autres défis, comme la menace militaire et terroriste. «Mais en matière de sécurité cyber, sanitaire ou économique, beaucoup de choses sont à faire», conclut-il.