« La meilleure prime que l’on peut donner aux soignants, c’est de respecter les gestes barrières », déclare Gérald Darmanin à Jean-Jacques Bourdin, lors d’une interview en duplex, le 18 mars.
Des paroles qui restent en travers de la gorge des premiers intéressés, alors que la France connaît son second jour de confinement. Une période étrange pour une majeure partie de la population et très dure pour l’autre, notamment pour les soignants qui se trouvent en première ligne pour lutter contre le Covid-19. Alors qu’une aide de 45 milliards d’euros va être allouée aux commerces, qu’en est-il de ceux qui sont au front ?
Mercredi, Gérald Darmanin a été questionné par Jean-Jacques Bourdin sur une éventuelle prime pour les soignants et sa réponse a suscité de vives réactions :
Franchement : qu’ils aillent puissamment se faire foutre https://t.co/A0XXodMMCY
— pablo pillaud-vivien (@ppillaudvivien) March 18, 2020
Des propos jugés indécents par beaucoup de professionnels de santé, mais la question de la prime ne règle pas le problème de fond.
« Ce n’est pas une prime qu’il faudrait aux soignants, ils font leur travail. Par contre un salaire décent c’est le minimum », déclare à Sputnik un médecin à la retraite, sous couvert d’anonymat.
Depuis une dizaine d’années, l’hôpital public connaît une véritable crise dûe à des compressions budgétaires qui touchent autant les moyens techniques qu’humains. La crise sanitaire que connaît aujourd’hui la France, mais aussi le monde met en lumière la nécessité de disposer de personnels soignants en quantité et en qualité à tout moment.
loi a l'AN : pas de "de fonds de solidarité" ou de plan d'urgence sanitaire pour l’hôpital public, ni de hausse de salaires ...à croire que les revendications des urgentistes ou des 1200 chefs de service en janvier dernier ne sont toujours pas entendues...
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) March 19, 2020
Justine, infirmière auprès de personnes âgées dans un hôpital parisien, admet travailler dans la pénurie :
« Maintenant, faute de moyens, on va réellement finir par ne plus avoir de masques, on compte les solutions hydroalcooliques au compte-gouttes. Hier, on nous a dit de garder les bouteilles vides afin que les pharmacies puissent les remplir avec leur fabrication tant il en manque. »
Depuis les mesures de confinement décidées parle gouvernement, le personnel soignant est applaudi et félicité de part et d’autre. Mais Justine souhaiterait surtout que cette reconnaissance ne se limite pas à cette période de crise :
« On nous félicite parce qu’en ce moment, on a besoin de nous, mais quand tout ça sera fini, on aimerait toujours être les héros de la nation. Il n’y a pas qu’en période de coronavirus que c’est dur pour nous. Il nous arrive de penser qu’on se tue la santé pour celle des autres. »
L’infirmière martèle pour finir que chacun doit rester à domicile pour limiter l’explosion du nombre de cas, ce qui éviterait que les hôpitaux ne soient saturés.