Le nouveau coronavirus qui a déjà fait plus de 6.000 morts dans le monde est l’un des sujets les plus récurrents et les plus préoccupants. William Dab, professeur émérite d’épidémiologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), a apporté ses précisions au Figaro sur cette pandémie.
«Pour ne rien cacher, je n’ai jamais été aussi inquiet. C’est une situation inédite et très sérieuse. Nous savions que cela allait arriver un jour. Urbanisation massive, intensification des échanges internationaux, démographie galopante, toutes les conditions sont réunies depuis longtemps», a tenu à souligner M.Dab.
Jusqu’à 300.000 morts en France?
Le professeur s’est prononcé sur le nombre de décès que pourrait provoquer le coronavirus dans l’Hexagone. Il pourrait atteindre environ 300.000 personnes, chiffre déjà annoncé par d’autres spécialistes.
Pour le spécialiste, ce taux repose cependant sur «le cas très optimiste où les hôpitaux tiennent le choc, ce qui n’est pas garanti, loin de là».
«Il va falloir ajouter une mortalité indirecte à ce sinistre bilan. Des malades souffrant d’autres pathologies graves qui ne pourront pas être soignées, par manque de lits disponibles», a-t-il mis en garde, ajoutant que «c’est brutal» et qu’il «faut bien avoir à l’esprit que nous sommes en guerre».
Le spécialiste a ainsi insisté sur une «mobilisation générale» et a appelé à ne pas avoir peur «d’utiliser des termes militaires». «Nous sommes envahis par un ennemi invisible que nous devons combattre», a-t-il affirmé.
Scénario «ennuyeux»
William Dab s’est en outre prononcé sur plusieurs scénarios possibles. Ainsi, si les autorités arrivent à arrêter l’épidémie et si 30% de la population sont contaminés et immunisés, le coronavirus reviendra à l’automne, et la situation se reproduira. Selon un autre scénario, 60 à 70% de la population seront contaminés durant la première vague.
Le plus «ennuyeux» serait le troisième scénario, celui «d’une mutation», a indiqué l’expert détaillant que l’immunité de la première vague «ne serait alors que partielle, quelle que soit la couverture».
«Nous entrons dans un scénario de type grippe, avec épidémie annuelle. À cette différence que ce virus est au moins 10 fois plus mortel! Ce n’est pas une petite affaire. Ce virus a un énorme potentiel. C’est une situation de guerre, je le répète. Il va y avoir une longue période de vigilance, d’au moins une année», a-t-il résumé.