Crise séparatiste au Cameroun: doit-on craindre un embrasement des régions francophones?

© AFP 2024 ALEXIS HUGUETDes soldats camerounais
Des soldats camerounais - Sputnik Afrique
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Tandis que l’on s’interroge sur les solutions à mettre en place pour abolir le conflit dans les régions séparatistes, le bilan ne cesse de s’alourdir. Au moins neuf personnes, dont cinq soldats, ont été tuées dans deux nouvelles attaques. La première, qui s’est déroulée dans l’ouest francophone, fait craindre une déportation du conflit.

Ces dernières semaines, la crise séparatiste au Cameroun a connu un regain de violence. Au moins quatre soldats et quatre civils ont été tués pendant une incursion des combattants séparatistes dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 mars à Galim, dans l’Ouest francophone du Cameroun, zone frontalière du Nord-Ouest séparatiste, a appris Sputnik de sources officielles.

Dans sa déclaration, le gouvernement de Yaoundé, par la voix de son porte-parole, attribue cette attaque à une «horde de terroristes sécessionnistes, en provenance de la région du Nord-Ouest, qui sont entrés à Galim dans une caravane motorisée».

«Les violentes attaques qui s’en sont suivies contre les éléments de nos forces de défense et de sécurité, lesquelles ont promptement riposté pour repousser les assauts et protéger leurs unités respectives, se sont soldées par des pertes en vies humaines au sein des Forces camerounaises de défense et de sécurité et parmi les populations civiles», peut-on lire dans le communiqué de René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication.

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Dimanche matin, lors d'un défilé à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme à Bamenda, l’un des épicentres de la crise, «les terroristes sécessionnistes ont actionné une bombe artisanale à une centaine de mètres de la tribune d'honneur», selon le même communiqué. Le bilan de cet «attentat fait état d’un militaire tué et de sept blessés graves». Cette série d’attaques vient rappeler que la crise, loin d’être sous contrôle, connaît un regain de puissance. C’est d’ailleurs ce que pense le docteur Frank Ebogo, expert en relations internationales et stratégiques, enseignant à l’université de Yaoundé II, pour qui l’ensemble des mesures prises jusqu’ici pour sortir de la crise, notamment le renforcement du dispositif sécuritaire, a plutôt contribué à exacerber les tensions sur le terrain. 

«Au final, toutes ces mesures de sécurisation des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont abouti à un regain de violence dans la mesure où, harcelés, les groupes armés ont tenté de résister à la puissance de feu opposée par les forces de défense et de sécurité», commente l’expert au micro de Sputnik.

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Si à Yaoundé, on se dit résolument engagé dans «la résolution définitive de la crise», avec notamment la mise en œuvre «active des recommandations du Grand dialogue national», sur le terrain, le conflit s’enlise et se déplace progressivement vers d’autres régions, comme l’illustre l’attaque de Galim. Est-on cependant fondé à craindre une généralisation du conflit dans les autres parties du Cameroun? «Invraisemblable», estime Frank Ebogo pour qui, à en juger par leurs revendications, notamment l’indépendance du Cameroun anglophone, les groupes armés séparatistes n’ont a priori aucune raison d’y mêler les autres localités.

«L’agenda politique des séparatistes n’est pas partagé par le reste de la population camerounaise. D’où le caractère limité et circonscrit de cette crise. Par contre, les débordements de la crise sécuritaire dans les localités limitrophes vont s’accentuer. Les départements du Noun, de la Menoua ou des Bamboutos [localités frontalières du Nord-Ouest séparatiste, ndlr] risquent de payer le lourd tribut des exactions et des expéditions punitives de ces groupes armés», explique-t-il.

Pour le spécialiste des questions internationales et stratégiques, il faut convoquer d’autres éléments pour expliquer d’éventuels nouveaux débordements. En effet, l’intensification des attaques armées, au-delà du théâtre ordinaire des opérations, tient d’abord au besoin «des insurgés de contourner le maillage stratégique de ces zones en crise par les forces de défense et de sécurité. Ils sont obligés de se redéployer dans les localités limitrophes afin de disposer soit de bases arrière, soit de zones de repli à partir desquelles ils peuvent organiser des contre-offensives contre l’armée».

«D’autre part, sur le plan logistique, les bandes armées cherchent de nouveaux couloirs d’acheminement des armes et des munitions. Enfin, l’exportation apparente du conflit vers les localités frontalières s’explique par la volonté des insurgés à se ravitailler et à constituer des stocks en vivres», poursuit l’expert. 

Le gouvernement condamne le silence des ONG

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Alors que la controverse autour du bilan et des responsabilités dans une tuerie de civils le 14 février dernier à Ngarbuh, localité de la région du Nord-ouest persiste –tuerie attribuée par Human Rights Watch (HWR) à l’armée camerounaise–, Yaoundé dénonce «le silence des ONG et autres acteurs de la communauté internationale» face à ces attaques récentes. Le ministre de la Communication condamne:

«Cette cruauté des bandes terroristes sécessionnistes, dont les commanditaires continuent du reste à bénéficier du soutien et de la protection de certains partenaires internationaux», a-t-il déclaré.

Très souvent accusé par des ONG locales ou internationales de commettre des exactions sur le terrain des opérations, le gouvernement, à travers son porte-parole, appelle «les pays amis et partenaires internationaux du Cameroun à réprouver avec une égale détermination ces attaques terroristes dont est victime le peuple camerounais».

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